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PIGEONS DOMESTIQUES.

que j’ai pu m’en assurer, n’ont jamais moins de douze, ni plus de seize rectrices, nombres qui, à de rares exceptions près, caractérisent des sous-familles entières[1]. Le Bizet a douze rectrices. Dans les Pigeons Paons, nous avons vu que leur nombre varie de quatorze à quarante-deux. J’en ai compté vingt-deux et vingt-sept sur deux jeunes oiseaux d’un même nid. Les Grosses-gorges ont souvent des plumes supplémentaires, j’en ai plusieurs fois trouvé quatorze ou quinze chez mes oiseaux. Un individu appartenant à M. Bult, et vu par Yarrell, en avait dix-sept. J’ai eu un Pigeon Nun avec treize et un autre avec quatorze rectrices, et sur un Casque, forme à peine distincte de la précédente, j’en ai trouvé quinze. D’autre part un Dragon de M. Brent n’en avait que dix, et un des miens, descendant de ceux de M. Brent, onze. Chez un Culbutant à tête chauve, j’en ai trouvé dix, M. Brent a vu deux Pigeons Culbutants aériens dont l’un en avait ce même nombre et l’autre quatorze. Deux oiseaux de cette race élevés par M. Brent, présentaient quelques particularités : — l’un avait les plumes centrales de la queue un peu divergentes ; l’autre avait les deux pennes extérieures un peu plus longues que les autres (de 3/8 de pouce), de sorte que dans ces deux cas la queue offrait une tendance à devenir fourchue, mais de deux manières différentes. Ceci nous explique comment une race à queue d’hirondelle, comme celle décrite par Bechstein, peut avoir été formée par une sélection suivie.

Le nombre de pennes primaires de l’aile est, chez les Colombides, de neuf ou dix. Le Bizet en a dix, mais je n’en ai compté que neuf dans huit Culbutants courtes-faces ; ce chiffre a été remarqué par les éleveurs, la présence de dix rémiges primaires de couleur blanche, étant un des traits saillants des Culbutants courtes-faces chauves. M. Brent a cependant vu un Pigeon Culbutant (non courte-face), qui avait onze rémiges primaires. M. Corker, célèbre éleveur de Messagers, me dit avoir compté onze pennes primaires chez quelques-uns de ses oiseaux. Sur deux Grosses-gorges, j’en ai trouvé onze sur une des ailes. Trois éleveurs m’assurent en avoir observé douze dans des Scanderoons, mais comme Neumeister a constaté dans le Pigeon Florentin voisin, que la rémige médiane est souvent double, le nombre douze a pu résulter de ce que deux des dix rémiges primaires portaient deux tiges sur une même base. Les rémiges secondaires sont difficiles à compter et paraissent varier de douze à quinze. Les longueurs de la queue et des ailes comparées soit entre elles, soit relativement au corps, varient certainement, et je l’ai surtout remarqué chez les Jacobins. Dans la superbe collection de Grosses-gorges de M. Bult, on remarque de grandes variations dans la longueur de la queue et des ailes, qui devient quelque fois telle que l’animal ne peut presque plus se redresser. Je n’ai observé que peu de variations dans la longueur relative des pennes primaires, et d’après M. Brent, la forme de la première penne primaire ne varie que très-légèrement. Mais la variation sur ces derniers points est excessivement

  1. Coup d’œil sur l’ordre des Pigeons, par C.-L. Bonaparte. Comptes rendus, 1854–55. — Blyth : Ann. of nat. hist., vol. XIX, 1847, p. 41, mentionne le fait singulier de deux espèces d’Ectopistes, formes voisines, dont l’une a 14 plumes caudales, tandis que l’autre, le Pigeon Messager de l’Amérique du Nord, n’en a que le nombre ordinaire de 12.