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CORRÉLATION DE CROISSANCE.

de comparaison le Bizet, l’orifice nasal du Culbutant courte-face n’était pas raccourci proportionnellement à son petit bec. D’un autre côté (chose qu’on ne pouvait prévoir) dans trois Messagers anglais, un Bagadotten, et dans un Pigeon Cygne, l’orifice nasal était, toutes proportions gardées, et comparé au Bizet, trop long d’un dixième de pouce. Dans un Messager, l’orifice des narines était trois fois plus long que dans le Bizet, bien que, par sa taille et sa longueur de bec, il fût loin d’être le double de ce dernier. Cette augmentation de longueur des ouvertures nasales paraît être en corrélation avec l’augmentation de la peau verruqueuse qui surmonte la mandibule supérieure et les narines, caractère recherché par les éleveurs, et qui est pour eux un objet de sélection. Il en est de même du large cercle de peau nue et verruqueuse qui entoure les yeux des Messagers et des Barbes, lequel est en corrélation évidente avec le développement des paupières qui, mesurées longitudinalement sont, proportion gardée, plus du double de ce qu’elles sont dans le Bizet.

La grande différence (fig. 27) dans la courbure de la mâchoire inférieure dans le Bizet, le Culbutant et le Messager Bagadotten, est évidemment en corrélation avec la courbure de la mâchoire supérieure, et plus particulièrement avec l’angle que forment les maxillaires supérieurs et l’arcade zygomatique. Mais, dans les Messagers, Runts et Barbes, l’inflexion singulière du bord supérieur de la partie médiane de la mâchoire inférieure (fig. 25) n’est pas en corrélation rigoureuse avec la largeur ou la divergence des maxillaires supérieurs (fig. 26), mais bien avec la largeur des parties molles et cornées de la mandibule supérieure, qui sont toujours recouvertes par les bords de l’inférieure.

L’allongement du corps chez les Grosses-gorges, est aussi le résultat d’une sélection ; les côtes, comme nous l’avons vu, sont devenues très-larges, et la septième paire porte des apophyses ; les vertèbres sacrées et caudales ont augmenté de nombre ; le sternum s’est également allongé (sans augmentation de la hauteur de la crête) de 0,4 de pouce en plus de ce qu’il devrait avoir proportionnellement à la taille de l’oiseau, comparé au Bizet. Le nombre et la longueur des vertèbres caudales ont augmenté chez le Pigeon Paon. On voit donc que