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EFFETS DU DÉFAUT D’USAGE.

se servir infiniment moins de leurs ailes que le Bizet sauvage. J’en inférai la probabilité que toutes les parties du squelette, jouant un rôle dans le vol, devaient avoir subi une certaine réduction. Je mesurai donc avec soin la longueur du sternum dans douze oiseaux de races diverses, et dans deux Bizets des îles Shetland. Pour établir une comparaison proportionnelle, j’ai dans tous essayé trois mesures : la longueur du corps mesurée de la base du bec à la glande graisseuse ; celle mesurée du même point à l’extrémité de la queue ; enfin l’envergure. Dans les trois cas, le résultat a été le même, le sternum s’est invariablement trouvé être proportionnellement plus court que dans le Bizet sauvage. Les résultats calculés d’après la longueur mesurée de la base du bec à la glande graisseuse, étant à peu près la moyenne des résultats obtenus par les deux autres modes de mensuration, ce sont ceux que je consignerai dans le tableau suivant :

LONGUEUR DU STERNUM.
RACE. Longeur réelle. Trop court de RACE. Longeur réelle. Trop court de
Bizet sauvage
2,55 »
Barbe
2,35 3,34
Scanderoon
2,80 0,60
Coquille
2,27 0,15
Messager Bagadotten
2,80 0,17
Grosse-Ge. allemand
2,36 0,54
Dragon
2,45 0,41
Jacobin
2,33 0,22
Messager
2,75 0,35
Dos-frisé anglais
2,40 0,43
Culbutant courte-face
2,05 0,28
Hirondelle
2,45 0,17

Ce tableau montre que, dans ces douze races, le sternum est en moyenne d’un tiers de pouce (exactement 0,332), plus court que dans le Bizet, proportionnellement à la grandeur de leurs corps ; le sternum a donc subi une réduction d’un septième à un huitième de sa longueur totale, ce qui est considérable.

J’ai mesuré aussi, sur vingt et un oiseaux, y compris les douze ci-dessus, la hauteur de la crête du sternum comparée à sa longueur, et indépendamment de la taille de l’oiseau. Deux sur les vingt et un oiseaux m’ont offert une crête sternale relativement aussi développée que chez le Bizet ; elle était plus saillante dans sept, mais sur cinq individus de ces sept, un Paon, deux Scanderoons, et deux Messagers anglais, on peut, jusqu’à un certain point, expliquer ce développement par le fait qu’une poitrine très-saillante étant un caractère fort prisé des éleveurs, ils ont dû chercher à le développer par sélection. Dans les douze oiseaux restants, la saillie de la crête sternale était moindre. Il résulte de là que la crête du sternum manifeste une tendance légère, mais incertaine, à se réduire un peu plus que ne le fait l’os entier relativement à la taille de l’oiseau, comparé au Bizet.