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RÉSUMÉ DES DIFFÉRENCES.

presque invariablement de même des deux doigts externes.

Il y a de grandes différences dans les dimensions du corps : un Runt peut peser jusqu’à cinq fois autant qu’un Culbutant courte-face. Les œufs diffèrent par la grosseur et la forme. D’après Parmentier[1], quelques races emploient beaucoup de paille pour la construction de leurs nids, d’autres très-peu, mais je n’ai trouvé aucune confirmation récente de cette assertion. La durée de l’incubation des œufs est uniforme dans toutes les races, mais il y a des différences dans les périodes où les oiseaux revêtent le plumage caractéristique de leur race, et auxquelles interviennent certains changements de couleur. Le développement du duvet dont les Pigeonneaux sont revêtus à l’éclosion est assez variable, et il est en corrélation singulière avec la coloration du plumage définitif. On remarque les différences les plus bizarres dans le mode de vol ; dans certains mouvements héréditaires, tels que le claquement des ailes, les sauts périlleux ou culbutes soit en l’air, soit sur le sol ; et dans la manière dont les mâles courtisent les femelles. Les races diffèrent par leur naturel ; quelques-unes sont très-silencieuses, d’autres ont des roucoulements tout particuliers.

Bien que, comme nous le verrons plus complètement plus loin, beaucoup de races aient conservé depuis plusieurs siècles leurs caractères propres, il y a cependant dans les races les plus constantes plus de variations individuelles que dans les oiseaux à l’état de nature. Une règle, qui paraît ne souffrir presque aucune exception, est que ce sont les caractères les plus recherchés par les éleveurs, et ceux auxquels ils s’attachent le plus, qui varient aussi le plus, et sont par conséquent, encore aujourd’hui, en voie d’amélioration par sélection continue. C’est ce que reconnaissent indirectement les éleveurs de fantaisie, lorsqu’ils constatent combien il leur est plus difficile d’amener les Pigeons de races supérieures au type voulu de perfection désiré, que de produire des Pigeons de fantaisie, qui ne sont que de simples variétés de couleur, lesquelles, une fois acquises, ne sont pas susceptibles d’une amélioration ou d’une augmentation continue. Quelques carac-

  1. Temminck, Hist. nat. gén. des Pigeons et des Gallinacés, t. I, 1813, p. 170.