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LEUR ORIGINE.

les conserver jusqu’à l’état adulte, et remarque à ce propos, qu’aucun Gallinacé sauvage nourri de grains durs ne prospère bien dans les commencements. M. Blyth a eu également beaucoup de peine à conserver en captivité le G. Bankiva. Les naturels des îles Philippines paraissent cependant mieux réussir, car ils gardent des coqs sauvages pour lutter avec leurs coqs de Combat domestiques[1]. Je tiens de Sir W. Elliot qu’il existe à Pégu une race domestique indigène, dont la poule ne peut pas être distinguée de celle du G. Bankiva ; et les naturels attrapent constamment des coqs sauvages en les faisant combattre dans les bois avec des coqs apprivoisés[2]. M. Crawfurd a fait la remarque que, d’après l’étymologie, on pourrait conclure à la domestication première du coq sauvage par les Malais et les Javanais[3]. M. Blyth m’a signalé le fait curieux, que les individus sauvages du G. Bankiva, provenant des pays à l’est de la baie du Bengale sont beaucoup plus faciles à apprivoiser que ceux de l’Inde ; ce fait n’est du reste pas sans exemple, car, ainsi que Humboldt l’a remarqué, il y a longtemps, une même espèce peut offrir plus de dispositions à l’apprivoisement, dans un pays que dans un autre. En admettant le fait de la première domestication du G. Bankiva dans la Malaisie, nous pouvons nous expliquer une autre observation de M. Blyth, que les races domestiques de l’Inde ne ressemblent pas au G. Bankiva, plus que ne le font celles de l’Europe.


D’après l’extrême ressemblance qui existe dans la couleur, la conformation générale et surtout la voix, entre le G. Bankiva et nos races ordinaires ; d’après leur fertilité dans les croisements, autant qu’on a pu la vérifier ; d’après la facilité de l’apprivoisement de l’espèce sauvage, et ses variations dans cet état, nous pouvons sûrement la considérer comme la souche primitive et l’ancêtre de la forme la plus typique de toutes nos races domestiques, le coq de Combat. Il est à remarquer que presque tous les naturalistes de l’Inde, tels que Sir W. Elliot, M. S.-N. Ward, M. Layard, M. J.-C. Jerdon, M. Blyth[4], auxquels le G. Bankiva est familier, sont d’accord pour le regarder comme l’ancêtre de la plupart, sinon de toutes nos races domestiques. Mais même en admettant que le G. Bankiva soit l’origine de nos races de Combat, on peut encore se

  1. Crawfurd, O. c., p. 112.
  2. À Burmah, d’après M. Blyth, les formes sauvages et domestiques se croisent continuellement ensemble ; il en résulte une foule de formes de transition très-irrégulières.
  3. O. c., p. 113.
  4. Jerdon, dans Madras Journal of Litt. and Science, v. XXII, p. 2, parlant du G. Bankiva, dit : « La souche incontestable de la plupart des variétés de nos races communes. » — Pour M. Blyth, Gardener’s Chron., 1851, p. 619 ; et Ann. and Mag. of Nat. Hist., v. XX, 1847, p. 388.