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RETOUR ET VARIATIONS ANALOGIQUES.

ou même rouges à la mue. Ces divers cas montrent donc une tendance évidente au retour vers les nuances du G. Bankiva, même pendant la vie de l’individu. Je n’ai eu connaissance d’aucun cas d’oiseau rouge à poitrine noire, chez les races Espagnole, Huppée, Hambourg pailletée d’argent, Hambourg rayée, et quelques autres races moins communes.

L’expérience que j’avais des pigeons m’a conduit à essayer les croisements suivants. Après avoir détruit tous les oiseaux de ma basse-cour, je me suis procuré, par l’intermédiaire de M. Tegetmeier, un coq Espagnol noir de premier ordre, et des poules des races suivantes parfaitement pures, — poule de Combat blanche, Cochinchinoise blanche, Huppée pailletée d’argent, Hambourg pailletée d’argent, Hambourg argentée rayée, et une Soyeuse blanche. Aucune de ces races, conservée dans toute sa pureté, n’a jamais, à ma connaissance, présenté une plume rouge, fait qui ne serait pas improbable chez les races de Combat blanches et les Cochinchinois de même couleur. La majorité des poussins obtenus de ces six croisements furent noirs, le duvet aussi bien que le premier plumage ; quelques-uns furent blancs, fort peu furent marbrés de noir et de blanc. Dans un lot de onze œufs mélangés, provenant de la poule de Combat et de la Cochinchinoise par le coq Espagnol noir, sept poulets furent blancs et quatre seulement noirs. Je mentionne ce fait, pour montrer que le plumage blanc est fortement héréditaire, et que l’opinion admise de la prépondérance qu’a le mâle de transmettre sa couleur n’est pas toujours exacte. L’éclosion des poussins eut lieu au printemps, et, à la fin d’août, plusieurs des jeunes coqs commencèrent à manifester des changements qui continuèrent, chez quelques-uns, pendant les années suivantes. Ainsi un jeune coq provenant de la poule Huppée pailletée d’argent, eut son premier plumage d’un noir de jais, et par sa crête, sa huppe, ses caroncules et sa barbe, réunissait les caractères des deux parents ; à l’âge de deux ans, les rémiges secondaires devinrent fortement et symétriquement marquées de blanc, et partout où, chez le G. Bankiva, les plumes sétiformes sont rouges, elles furent, dans cet oiseau, d’un noir verdâtre sur la tige, étroitement bordées de noir brunâtre, puis largement bordées d’un brun jaunâtre pâle ; de sorte que, par son apparence générale, le plumage était