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RACES GALLINES.

caractérisent le plumage de la poule, manquent presque complètement chez les coqs des deux variétés, dorée et argentée. Mais, comme nous l’avons déjà vu, on ne peut pas dire qu’en général, les mâles n’aient jamais les plumes barrées, car les Dorkings Coucous sont précisément remarquables par le fait que les deux sexes présentent presque les mêmes marques.

Il est fort singulier de voir, dans certaines sous-races, les mâles perdre quelques-uns de leurs caractères secondaires masculins, et ressembler beaucoup à leurs poules par le plumage. Les avis sur la fécondité de ces mâles sont très-partagés ; il paraît positif qu’ils sont quelquefois partiellement stériles[1], mais ceci peut être le résultat de croisements consanguins. Il est d’autre part évident qu’ils ne sont pas complètement inféconds, et que le cas n’a aucune analogie avec celui des vieilles femelles, acquérant des caractères masculins, puisque plusieurs de ces sous-races poules se sont propagées longtemps. Les mâles et les femelles des Sebright Bantams, dorés et argentés, ne se distinguent les uns des autres que par la crête, les caroncules et les ergots, car ils ont la même couleur, et les mâles n’ont pas de plumes sétiformes, ni de pennes caudales en forme de faucille. Une sous-race de Hambourg à queue de poule, était récemment fort estimée. Il y a aussi une race de Combat, dont les mâles et les femelles se ressemblent tellement, que des coqs ont souvent, dans l’arène, pris leurs adversaires à plumage féminin pour des poules, erreur qui leur a coûté la vie[2]. Quoique revêtus d’un plumage de poule, ces coqs sont des oiseaux pleins d’ardeur, et qui ont souvent fait leurs preuves de courage ; on a même, une fois, publié la gravure d’un vainqueur à queue de poule célèbre. M. Tegetmeier[3] rapporte le cas remarquable d’un coq de Combat rouge à poitrail brun, qui, après avoir revêtu son plumage masculin parfait, prit à l’automne de l’année suivante un plumage de poule, mais sans perdre sa voix, ses ergots, sa force, ni ses qualités prolifiques. Cet oiseau a conservé ce même caractère durant

  1. M. Hewitt, dans Tegetmeier, Poultry Book, 1866, p. 156 et 246. — Voir p. 131, pour les coqs de Combat à queue de poule.
  2. The Field, 20 avril 1861. L’auteur dit avoir vu une demi-douzaine de coqs ainsi perdus.
  3. Proc. of Zoolog. Soc., 1861, p. 102. La figure du coq à plumage de poule dont il est question, a été montrée à la société.