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DIFFÉRENCES SEXUELLES.

de Combat et Dorkings les portent relevées, comme la queue entière ; elles sont tombantes dans les coqs Malais, et quelques Cochinchinois. Les Sultans sont caractérisés par un nombre supplémentaire de plumes latérales en faucille. Les ergots varient par leur position sur la jambe ; ils sont longs et acérés chez les coqs de Combat, courts et mousses chez les Cochinchinois. Ces derniers paraissent avoir la conscience de l’insuffisance de leurs ergots comme armes, car bien qu’ils s’en servent quelquefois, ils combattent le plus souvent en se saisissant et se secouant mutuellement avec leurs becs. M. Brent a reçu d’Allemagne quelques coqs de Combat indiens, qui portaient sur chaque patte, trois, quatre et même cinq ergots. Quelques Dorkings ont aussi deux ergots sur chaque patte[1], et dans les oiseaux de cette race, l’ergot est souvent placé presque à l’extérieur de la jambe. Les doubles ergots sont mentionnés dans l’ancienne Encyclopédie chinoise. Ce fait des ergots doubles peut être considéré comme un cas de variation analogique, car quelques gallinacés sauvages, le Polyplectron par exemple, en portent aussi deux.

À en juger d’après les différences qui distinguent généralement les sexes dans les gallinacés, il semble que, dans nos races domestiques, certains caractères aient été transférés d’un sexe à l’autre. Dans toutes les espèces (le Turnix excepté), lorsqu’il y a une différence considérable entre le plumage du mâle et celui de la femelle, c’est toujours celui du mâle qui est le plus beau. Dans la variété Hambourg pailletée dorée, la poule est aussi belle que le coq, et incomparablement plus élégante qu’aucune femelle de quelque espèce naturelle de Gallus que ce soit ; il y a donc eu là, transport à la femelle d’un caractère masculin. D’autre part, dans les variétés Coucou des Dorkings et autres races, le rayage des plumes qui, dans les Gallus, est l’attribut de la femelle, se trouve transféré aussi aux mâles ; d’après le principe des variations analogiques, ce transport n’a rien de surprenant, puisque, dans un grand nombre de genres de gallinacés, les mâles ont les plumes rayées en travers. Les ornements de toute nature sont généralement plus développés dans le mâle que dans la femelle ; mais, dans la race Huppée, la

  1. Poultry Chronicle, vol. I, p. 595. — M. Brent m’a signalé le même fait. — Voir Cottage Gardener, Sept. 1860, p. 380, pour la situation des ergots chez les Dorkings.