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DIFFÉRENCES EXTERNES.

rance osseuse du crâne, qui porte la huppe et renferme une partie du cerveau, est également développée dans les deux sexes. Mais il paraît qu’autrefois en Allemagne, cette particularité ne se rencontrait que sur la poule. Blumenbach[1], qui a étudié d’une manière spéciale les anomalies des animaux domestiques, a constaté, en 1813, ce fait que Bechstein avait déjà observé en 1793. Ce dernier a décrit avec soin les effets causés par la présence de la huppe sur le crâne, non-seulement des poules, mais aussi sur celui des Canards, des Oies et des Canaris. Il a reconnu que chez les poules, la huppe, lorsqu’elle est peu développée, repose sur une masse de graisse, mais toujours sur une protubérance osseuse, lorsqu’elle atteint des proportions un peu considérables. Il décrit bien les particularités de cette excroissance osseuse, et quant aux effets qui résultent de la modification dans la forme du cerveau sur l’intelligence de l’oiseau, il conteste l’assertion de Pallas, qui dit qu’ils sont stupides. Il constate ensuite qu’il n’a jamais observé cette protubérance chez les coqs. Il est donc certain, qu’autrefois, en Allemagne, ce caractère remarquable du crâne de la race huppée était propre à la femelle, et ne s’est transmis aux mâles que depuis.

DIFFÉRENCES EXTERNES, NON LIÉES AU SEXE, ENTRE LES RACES ET ENTRE LES INDIVIDUS.

La taille varie beaucoup. M. Tegetmeier a vu un Brahma pesant dix-sept livres, et un coq Malais dix, tandis qu’un Sebright Bantam pèse à peine plus d’une livre. Dans ces vingt dernières années, on a considérablement augmenté par sélection méthodique, la grosseur de quelques-unes de nos races, et diminué celle de quelques autres. Nous avons déjà vu combien la couleur varie dans la même race ; nous savons que le G. Bankiva sauvage varie légèrement sous ce rapport, et qu’il en est de même pour tous les animaux domestiques ; et cependant quelques éleveurs ont si peu de foi dans la variabilité, qu’ils soutiennent sérieusement que les principales sous-races de Combat, qui ne diffèrent que par la couleur, sont les descendants d’espèces sauvages distinctes. Le croisement cause souvent d’étranges modifications dans la couleur. D’après M. Tegetmeier, lorsqu’on

  1. Je cite Blumenbach d’après M. Tegetmeier, qui a donné quelques détails fort intéressants sur le crâne des races Huppées dans Proc. Zoolog. Soc. 25 Nov. 1856, mais l’auteur ignorant les assertions de Bechstein, conteste l’exactitude de celles de Blumenbach. Pour Bechstein, voir Naturg. Deutschlands ; vol. III, p. 399, 1793, note. — J’ajouterai qu’à une exposition d’oiseaux de basse-cour au Jardin Zoologique en mai 1845, j’ai vu quelques oiseaux, dont les poules étaient huppées, mais dont les coqs portaient une crête.