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RACES GALLINES.

croise des Cochinchinois blancs et chamois, quelques poulets viennent presque invariablement noirs. D’après M. Brent, le croisement des Cochinchinois noirs et blancs, produit parfois des poulets d’une teinte bleu ardoisé, teinte qu’on obtient aussi par le croisement de Cochinchinois blancs avec la race Espagnole noire, ou de Dorkings blancs avec les Minorques noirs[1]. Un bon observateur[2] raconte qu’une poule Hambourg pailletée argentée perdit peu à peu les marques caractéristiques de sa race, car le galonnage noir de ses plumes disparut, et ses pattes passèrent du bleu plombé au blanc ; une autre poule, sœur de la première, changea d’une manière analogue, mais moins fortement, et les poulets qu’elle produisit furent d’abord d’un blanc presque pur, mais acquirent en muant des colliers noirs, et quelques plumes pailletées de marques peu prononcées ; c’est un cas intéressant d’apparition d’une nouvelle variété. Dans les diverses races la peau est très-variable de couleur ; elle est blanche dans les variétés communes, jaune dans les Malaises et Cochinchinoises, et noire dans la poule Soyeuse ; reproduisant ainsi, comme le remarque M. Godron, les trois principaux types de la peau des races humaines[3]. Le même auteur ajoute que, puisque différents oiseaux, vivant dans différentes parties du globe, distantes et isolées les unes des autres, ont la peau et les os noirs, cette variation doit avoir apparu à diverses époques et dans divers endroits.

La forme de la tête, celle du corps et le port général de ce dernier, diffèrent considérablement. Le bec varie un peu par sa longueur et sa courbure, mais infiniment moins que dans les pigeons. Dans les races les plus fortement huppées, les narines offrent la particularité d’être en forme de croissant. Les rémiges primaires sont courtes dans les Cochinchinois ; dans un mâle de cette race, qui pesait plus du double d’un G. Bankiva, elles égalaient en longueur celles de ce dernier. J’ai compté avec M. Tegetmeier les rémiges primaires de treize coqs et poules de diverses races ; dans quatre, savoir, deux Hambourgs, un Cochinchinois et un Bantam de Combat, il y en avait dix, au lieu du nombre ordinaire de neuf ; mais j’ai, en comptant ces plumes, suivi l’usage des éleveurs, et n’ai pas compris la première penne primaire, qui est petite, et n’a que trois quarts de pouce de longueur. Ces plumes diffèrent beaucoup par leur longueur relative, le quatrième, cinquième ou sixième étant les plus longues, et la troisième étant tantôt égale à la cinquième, tantôt plus courte qu’elle. Dans les Gallinacés sauvages, le nombre des rémiges et rectrices principales est extrêmement constant, ainsi que leurs longueurs relatives.

La queue diffère beaucoup par sa position et sa grandeur ; elle est petite chez les Malais, et très-petite chez les Cochinchinois. Sur treize oiseaux de diverses races que j’ai examinés, cinq avaient le nombre normal de quatorze rectrices, y compris les deux plumes en faucille médianes ;

  1. Cottage Gardener, 3 Janv. 1860, p. 218.
  2. M. Williams, cité dans Cottage Gardener, 1856, p. 161.
  3. O. C. p. 442. — Pour les races à os noirs de l’Amér. du Sud, voir Roulin, Mém. sav. Étrangers, t. VI, p. 351 ; et Azara, Quadr. du Paraguay, t. II p. 324. J’ai reçu de Madras une poule Frisée dont les os étaient noirs.