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DIFFÉRENCES EXTERNES.

six autres (un coq Cafre, un coq Huppé pailleté d’or, une poule Cochinchinoise, une poule Sultane, une de Combat et une Malaise) en portaient seize ; enfin deux (un vieux coq Cochinchinois et une poule Malaise) en avaient dix-sept. La race sans croupion est privée de queue ; j’en ai gardé un individu vivant, dont la glande huileuse était atrophiée, mais qui, bien que son coccyx fût excessivement imparfait, avait encore un vestige d’une queue représentée par deux plumes un peu longues, occupant à peu près la situation des caudales externes. Cet oiseau provenait d’une famille dont la race s’était conservée intacte depuis vingt ans ; mais les races sans croupion produisent souvent des poulets ayant une queue[1]. Un physiologiste éminent[2] a récemment parlé de cette race comme étant une espèce distincte, conclusion à laquelle il ne serait jamais arrivé, s’il eût examiné les déformations du coccyx ; il a été probablement trompé par une assertion qu’on trouve dans quelques livres, sur l’existence, à Ceylan, de gallinacés sauvages sans queue, mais que M. Layard et le Dr Kellaert, qui ont étudié d’une manière approfondie les oiseaux, de cette île, déclarent être absolument fausse.

Les tarses sont de longueur variable ; dans les races Espagnole et Frisée, ils sont, relativement au fémur, beaucoup plus longs, et dans les races Bantam et Soyeuse, beaucoup plus courts, que dans le G. Bankiva sauvage, chez lequel du reste, comme nous l’avons vu, les tarses varient de longueur. Ils sont souvent emplumés. Dans plusieurs races, les pattes portent des doigts additionnels. Les individus de la race Huppée pailletée d’or[3], ont la peau interdigitale très-développée ; M. Tegetmeier a observé ce fait sur un oiseau, mais il n’en était pas de même dans celui que j’ai examiné. On dit que dans les Cochinchinois, le doigt médian[4] a à peu près le double de la longueur des doigts latéraux, et serait par conséquent bien plus long que dans le G. Bankiva ou dans d’autres races, mais je ne l’ai pas trouvé ainsi dans deux cas que j’ai pu observer. Dans cette même race, l’ongle du doigt médian est remarquablement large et aplati, quoiqu’à un degré variable ; chez le G. Bankiva on ne trouve qu’une légère trace de cette structure de l’ongle.

D’après M. Dixon, la voix diffère légèrement dans presque chaque race. Les Malais[5] ont un cri fort profond et un peu prolongé, mais présentant beaucoup de différences individuelles. Le colonel Sykes fait remarquer que le coq domestique Kulm de l’Inde n’a pas le cri perçant et clair du coq anglais, et que l’étendue de son clavier semble plus restreinte. Le Dr Hooker a été frappé de la nature du cri hurlant et prolongé des coqs de Sikhim[6]. Le chant du Cochinchinois est notoirement et comiquement différent de celui du coq commun. Les dispositions des différentes races sont fort dis-

  1. M. Hewitt, dans Poultry Book de M. Tegetmeier, 1866, p. 231.
  2. Dr Broca, Journal de Physiologie de Brown-Séquard, t. II, p. 361.
  3. Dixon ; Ornamental Poultry, p. 325.
  4. Poultry Chronicle, v. I, p. 485. — Tegetmeier, Poultry Book, 1866, p. 41, 46.
  5. Ferguson, Prize Poultry, p. 187.
  6. Col. Sykes, Proc. Zoolog. Soc. 1832, p. 151. — Dr Hooker, Himalayan Journals, v. I, p. 314.