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DIFFÉRENCES OSTÉOLOGIQUES.

est très-peu déprimée. Ces particularités sont, sans aucun doute, en quelque corrélation étroite avec la large crête aplatie et en forme de rose, qui caractérise la race de Hambourg.

J’ai eu à ma disposition quatorze crânes de diverses races Huppées. Leurs différences sont extraordinaires. Neuf crânes de quelques sous-races anglaises portaient les protubérances hémisphériques des os frontaux[1] représentées dans les figures ci-jointes (fig. 34), dans lesquelles B est une vue oblique, et d’en haut, du crâne d’un coq Huppé blanc, et A celle d’un crâne du G. Bankiva, dans la même situation. La figure 35 représente les coupes longitudinales des crânes d’un coq Huppé, et comme comparaison, d’un coq Cochinchinois de même taille. Dans tous les individus huppés, la protubérance occupe la même situation, mais varie pour la grosseur. Sur un de mes neuf exemplaires, elle était très-faible. Le degré d’ossification de la protubérance est très-variable, des portions plus ou moins grandes d’os étant souvent remplacées par une membrane. Dans un exemplaire, il n’y avait qu’un seul trou béant ; mais généralement, il y en a plusieurs d’ouverts et de formes diversifiées, l’os formant comme un réseau irrégulier. Il subsiste ordinairement une espèce de ruban osseux longitudinal et voûté, qui occupe le milieu de la protubérance, mais dans un cas je n’ai trouvé aucune portion osseuse recouvrant celle-ci, et le crâne nettoyé était largement ouvert en dessus. La forme de la boite crânienne étant considérablement changée, le cerveau est modifié d’une manière correspondante, comme le montrent les coupes longitudinales ci-jointes, qui méritent toute notre attention. Des trois cavités qu’on peut distinguer dans l’intérieur du crâne, les plus grandes modifications portent sur la cavité antéro-supérieure. Elle est évidemment plus considérable que celle du crâne Cochinchinois de même grandeur, et s’étend beaucoup plus en avant, au-dessus de la cloison interorbitaire, mais elle est moins profonde latéralement. Il est douteux que cette cavité soit entièrement remplie par le cerveau. Dans le crâne du Cochinchinois et de tous les individus ordinaires, une large lame osseuse interne sépare la cavité antérieure de la centrale ; cette lame manque complètement dans le crâne du coq Huppé que nous avons figuré. La cavité centrale, qui dans ce crâne est circulaire, se trouve allongée dans celui du Cochinchinois. La forme de la cavité postérieure, ainsi que la grandeur, la position et le nombre des trous servant au passage des nerfs, diffèrent beaucoup dans ces deux crânes. Une fosse qui pénètre profondément dans l’occipital du Cochinchinois, manque complètement dans le crâne huppé, mais je l’ai trouvée bien développée, dans un autre exemplaire, qui différait d’ailleurs du premier, par l’ensemble de la forme de sa cavité postérieure. Des coupes de deux autres crânes, — l’un provenant d’un individu Huppé, dont la protubérance était très-peu développée, l’autre d’un Sultan chez lequel elle était un peu plus saillante, —

  1. Voir Tegetmeier, Proc, zoolog. Soc. 25 Nov. 1856 ; description, avec figures, du crâne des races Huppées. — Pour d’autres renseignements, voir Isid. Geoff. Saint-Hilaire, Hist. gén. des anomalies, t. I, p. 287. — M. C. Dareste, Recherches sur les conditions de la vie, etc. Lille, 1863, p. 36, soupçonne que la protubérance est le résultat de l’ossification de la dure-mère, et n’est pas formée par des os frontaux.