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EFFETS DU DÉFAUT D’USAGE.

Dorkings, est un « point recherché », est devenu dans cette race un caractère fixe, mais est resté variable chez les rares Cochinchinoise et Soyeuse. Dans la plupart des races, et même des sous-races, la couleur du plumage et la forme de la crête sont éminemment fixes ; dans les Dorkings, chez lesquels on n’a pas recherché ces caractères, ils sont variables. Lorsqu’une modification du squelette s’est trouvée liée à quelque caractère externe apprécié par l’homme, elle a pu, dans ce cas, et sans intention de la part de l’éleveur, subir l’action de la sélection, et devenir plus ou moins fixe. C’est ce que nous montre très-évidemment l’étonnante protubérance crânienne, qui porte la touffe de plumes des races Huppées, et a, en même temps, par corrélation, affecté d’autres parties du crâne. Nous voyons un résultat analogue dans les deux protubérances osseuses qui supportent les deux prolongements de la crête dans la race Cornue, ainsi que dans le front déprimé de la race de Hambourg, qui est lié à l’aplatissement de leur large crête en forme de rose. Nous ne savons nullement si les côtes supplémentaires, les changements dans la forme du trou occipital, dans celle de l’omoplate ou de la fourchette, sont en corrélation avec d’autres points de conformation, ou s’ils sont le résultat des modifications dans les conditions extérieures et les habitudes, auxquelles nos races ont été soumises par la domestication, mais nous ne pouvons point douter que ces changements divers apportés à certaines parties du squelette, n’eussent, par sélection directe, ou par sélection d’autres points de conformation en corrélation avec elles, pu être rendus aussi constants et caractéristiques de chaque race, que le sont actuellement la taille ou la forme du corps, de la crête, et la couleur du plumage.

EFFETS DU DÉFAUT D’USAGE DES ORGANES.

À en juger par les habitudes de nos gallinacés européens, le G. Bankiva, à l’état sauvage, doit se servir de ses pattes et de ses ailes, plus que ne le font nos oiseaux domestiques, qui ne prennent guère leur vol que pour monter à leur juchoir. Les races Soyeuse et Frisée ne peuvent pas voler du tout, à cause de l’état incomplet de leurs rémiges ; et tout nous porte à croire que ces deux races sont assez anciennes, pour que, depuis bien des générations, leurs ancêtres n’aient pu voler davantage. Il en est de même des