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DINDONS.

l’espèce sauvage, et élevés aux États-Unis, qui se sont croisés et mélangés avec la race ordinaire. On a aussi conservé dans des parcs séparés, en Angleterre, des oiseaux de cette même espèce ; le Rev. W. D. Fox s’en est procuré qui se sont librement croisés avec la race domestique, et pendant plusieurs années, me dit-il, les dindons de son voisinage portaient des marques très-évidentes du croisement dont leurs parents avaient été l’objet. C’est là un exemple d’une race domestique modifiée par croisement avec une espèce distincte, ou au moins une race sauvage. F. Michaux[1], en 1802, pensait que le dindon domestique ne provenait pas de l’espèce des États-Unis seule, mais aussi d’une forme méridionale ; il allait même jusqu’à admettre que les dindons d’Angleterre et de France différaient entre eux par des proportions variées du sang des souches parentes.

Les dindons anglais sont plus petits que l’une ou l’autre des formes sauvages. Ils n’ont pas varié d’une manière considérable ; mais on peut cependant distinguer quelques races, telles que les Norfolk, Suffolk, Blancs, Cuivrés (ou Cambridge), qui toutes, lorsqu’on évite de les croiser avec d’autres races, propagent leur type d’une manière constante. De toutes ces formes, la plus distincte est le petit dindon robuste noirâtre de Norfolk, dont les petits sont noirs, et ont quelquefois des taches blanches sur la tête. Les autres ne diffèrent guère que par la couleur, et leurs jeunes sont généralement marbrés de gris brunâtre[2]. La touffe de poils sur le poitrail, qui est particulière au mâle seul, apparaît occasionnellement sur la femelle domestique[3]. Les tectrices caudales inférieures varient de nombre, et, d’après une superstition allemande, la femelle pond autant d’œufs qu’il y a de ces plumes chez le mâle[4]. D’après Temminck, il y avait autrefois en Hollande, une race magnifique d’un jaune-chamois, pourvue d’une ample huppe blanche. M. Wilmot[5] a décrit un dindon mâle blanc, portant une huppe formée de plumes longues de quatre pouces, dont les tiges nues étaient garnies à l’extrémité d’une petite touffe de duvet blanc

  1. F. Michaux, Voyage dans l’Amérique du Nord, 1802.
  2. Rev. R. S. Dixon, Ornement. Poultry, 1848, p. 31
  3. Id., ibid, 1848, p. 35
  4. Bechstein, O. C., v. III, 1793, p. 309.
  5. Gardener’s Chronicle, 1852, p. 699.