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ABEILLES.

ABEILLES.

La domestication des abeilles est fort ancienne, si toutefois on doit les regarder comme des animaux domestiques, puisqu’elles cherchent elles-mêmes leur nourriture, sauf celle qu’on leur fournit ordinairement pendant l’hiver. Au lieu d’un trou dans un arbre, elles habitent une ruche. Toutefois, comme elles ont été transportées dans presque toutes les parties du globe, les actions climatériques ont dû exercer sur elles toute l’influence directe dont elles sont capables. On a souvent constaté que dans les différentes parties de l’Angleterre, les abeilles varient de taille, de coloration et d’humeur ; Godron[1] dit que dans le midi de la France elles sont généralement plus grandes que dans les autres régions ; on a aussi affirmé que les petites abeilles brunes de la haute Bourgogne, transportées en Bresse, deviennent grosses et jaunes dès la seconde génération ; mais ces assertions demandent à être confirmées. En ce qui concerne la taille, on sait que les abeilles nées dans de très-vieux rayons sont plus petites, les cellules se trouvant rapetissées par la présence des coques des générations précédentes. Les meilleures autorités[2] s’accordent à admettre qu’à l’exception de l’espèce ou race Ligurienne, dont nous allons parler, il n’existe, ni en Angleterre, ni sur le continent, de races distinctes d’abeilles. Il y a cependant, dans un même essaim, quelques variations de couleur. Ainsi M. Woodbury[3] assure avoir vu à plusieurs reprises, des reines de l’espèce commune annelées de jaune comme les reines Liguriennes, et inversement, des reines de cette dernière race, ayant la couleur foncée des reines ordinaires. Il a aussi observé des variations dans la couleur des bourdons, sans que les reines ou ouvrières de la même ruche, présentassent des différences correspondantes. Le grand apiculteur Dzierzon[4], répondant à mes questions sur ce sujet,

  1. De l’Espèce, 1859, p. 459. — Pour les abeilles de Bourgogne, voir Gérard, article Espèce, dans Dict. universel d’Hist. nat., 1849, t. v, p. 438.
  2. Voir Journal of Horticulture, 1862, p. 225–242 et 284, une discussion sur ce sujet en réponse à une question que j’avais posée.
  3. Journal of Horticulture, 14 Juillet, 1863, p. 39.
  4. Ibid., 9 Sept. 1862, p. 463. — Voir sur le même sujet M. Kleine (11 Nov. p. 643), qui conclut que, sauf quelque variabilité de couleur, on ne peut reconnaître de différences constantes ou appréciables chez les abeilles d’Allemagne.