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ABEILLES.

des naturalistes comme une espèce distincte ; d’autres la considèrent comme une variété naturelle, mais, comme il n’y a aucune raison pour croire qu’elle soit un résultat de la domestication, nous n’avons pas à insister sur ce point. L’abeille Égyptienne et quelques autres, contre l’avis de quelques naturalistes compétents, sont regardées également comme des races géographiques par le Dr Gerstäcker[1], lequel fonde cette conclusion principalement sur le fait que, dans quelques endroits, comme à Rhodes et en Crimée, l’abeille varie tellement par sa couleur, qu’on y trouve des formes intermédiaires qui relient étroitement entre elles les diverses races géographiques.

J’ai fait allusion à un seul cas de séparation et de conservation d’une souche particulière d’abeilles. M. Lowe[2], s’étant procuré quelques abeilles chez un campagnard des environs d’Édimbourg, remarqua qu’elles différaient de l’abeille ordinaire par les poils de la tête et du thorax, qui étaient plus abondants et plus clairs de couleur. La date de l’introduction de l’abeille Ligurienne en Angleterre, excluait toute possibilité d’un croisement avec cette dernière forme. M. Lowe propagea cette variété, mais n’ayant malheureusement pas séparé cette lignée de ses autres abeilles, le nouveau caractère se perdit au bout de trois générations. « Cependant, ajoute-t-il, un grand nombre de mes abeilles ont encore conservé quelques faibles traces du caractère de la colonie primitive. » Ce cas montre ce qu’on pourrait obtenir par une sélection soigneuse et prolongée, appliquée exclusivement aux ouvrières, car, comme nous l’avons dit, il n’est pas possible de choisir et d’apparier les reines et les mâles.

BOMBYX DU VER À SOIE.

Ces insectes offrent pour nous quelque intérêt, surtout par les variations qu’ils présentent dans les premières phases de leur existence, et qui sont devenues héréditaires aux périodes correspondantes. La valeur de cet insecte dépendant entièrement de son cocon, l’attention s’est portée sur tous les chan-

  1. Ann. and Mag. of nat. Hist. (3e série) vol. XI, p. 339.
  2. Cottage Gardener, Mai 1860, p. 110 et Journal of Horticulture, 1862, p. 212.