Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/386

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
370
FRUITS.

celui du « Hungarian Gean » a la chair presque transparente. La cerise Flamande a une apparence bizarre, elle est fortement aplatie au sommet et à sa base, qui est profondément sillonnée, et portée sur un gros pédoncule fort court. Dans la cerise de Kent, le noyau adhère assez fortement au pédoncule pour s’arracher avec ce dernier, ce qui rend cette variété très-propre à la préparation des cerises sèches. Le cerisier à feuilles de tabac, d’après Sageret et Thompson, produit des feuilles gigantesques, ayant de un pied à dix-huit pouces de long, et un demi-pied de large. Le cerisier Pleureur, d’autre part, n’est qu’un arbre d’ornement, et, d’après Downing, un charmant petit arbre à branches minces et tombantes, couvertes d’un feuillage très-petit et myrtiforme. Il existe aussi une variété à feuillage de pêcher.

Sageret a décrit une variété remarquable, le griottier de la Toussaint, qui porte en même temps, jusqu’en septembre, des fleurs et des fruits à tous les degrés de maturité. Ces derniers, de qualité inférieure, sont portés par des pédoncules longs et très-minces, mais le fait le plus curieux est que tous les rameaux foliifères partent des anciens bourgeons floraux. Enfin il y a une distinction physiologique importante entre les cerisiers qui portent leur fruit sur le jeune bois ou sur le vieux ; mais Sageret affirme positivement avoir vu dans son jardin un Bigarreau portant fruit également sur l’un et l’autre[1].

Pommiers (Pyrus malus). — Relativement à l’origine du pommier, les botanistes éprouvent quelques doutes sur le point de savoir si, outre le P. malus, quelques autres formes sauvages voisines, les P. acerba, praecox, ou paradisiaca, ne devraient pas être considérées comme des espèces distinctes. Le P. praecox est par quelques auteurs[2] supposé être la souche des pommiers Paradis, dont on se sert si largement pour la greffe, à cause de leurs racines fibreuses qui ne pénètrent pas profondément en terre, mais, à ce qu’on assure, ne peuvent pas se propager exactement par graines[3]. Le pommier commun sauvage varie beaucoup en Angleterre, mais on croit que plusieurs de ses variétés sont des sauvageons échappés de culture[4].

Tout le monde connaît les différences qui existent dans les innombrables variétés du pommier, entre leur mode de croissance, leur feuillage, leurs fleurs, et surtout leurs fruits. Les graines ou pepins diffèrent également par la forme, la couleur et la grosseur. Les pommes peuvent se con-

  1. Tous ces faits sont empruntés aux quatre ouvrages qui suivent, et qui méritent, je crois, toute confiance : — Thompson, ouvrage cité ci-dessus. — Sageret, O. C., p. 358, 364, 367, 379. — Cat. of Fruit in Garden. Hort. Soc., p. 57–60. — Downing, O. C., p. 189, 195, 200.
  2. Dans Flora of Madeira (cité dans Gard. Chron., 1862, p. 215), M. Lowe dit que le P. Malus, à fruit presque sessile, s’étend plus au sud que le P. Acerba à longs pédoncules, qui manque à Madère, aux Canaries et peut-être au Portugal. Ceci appuierait l’opinion que les deux formes méritent d’être regardées comme espèces. Mais les caractères qui les séparent sont de peu d’importance, et sont de la nature de ceux qui varient dans d’autres arbres cultivée
  3. Journ. of hort. Tour, par Deputation of the Caledonian Hort. Soc., 1823, p. 459.
  4. Watson, Cybele Britannica, vol. I, p. 334.