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CUCURBITACÉES.

noix, l’épaisseur du brou et la minceur de la coquille, qualité qui se trouve surtout dans une variété dite à coquille mince, et très-estimée pour ce motif, mais aussi très-exposée aux attaques des mésanges[1]. L’amande remplit plus ou moins la coquille suivant les variétés. On connaît en France une variété de noyer à grappes, sur lequel les noix poussent en bouquets de dix, quinze, ou même vingt ensemble. Une autre variété porte sur le même arbre des feuilles de formes différentes, comme le Charme hétérophylle, et est remarquable aussi par ses branches pendantes, et ses noix grandes, allongées, et à coquille mince[2]. M. Cardan[3] a décrit quelques particularités physiologiques singulières d’une variété qui se feuille en juin, et produit ainsi ses feuilles et ses fleurs quatre ou cinq semaines plus tard, mais conserve ses feuilles et fruits plus longtemps en automne que les variétés ordinaires, et se trouve en août exactement dans le même état qu’elles. Ces particularités constitutionnelles sont rigoureusement héréditaires. Enfin, chez les noyers qui sont normalement monoïques, il y a quelquefois absence complète de production de fleurs mâles[4]

Noisetiers (Corylus avellana). — Les botanistes font pour la plupart, rentrer toutes les variétés sous l’espèce commune du noisetier sauvage[5]. L’involucre varie beaucoup, étant très-court dans la variété « Barr » espagnole, et fort long dans l’aveline, où il est contracté de manière à empêcher la noisette de tomber. Ce genre d’enveloppe paraît protéger son contenu contre les oiseaux, car on a remarqué que les mésanges[6] laissaient de côté ces formes pour se porter sur les noisettes ordinaires croissant dans le même verger. Dans le noisetier pourpre, l’involucre est de cette couleur ; il est bizarrement lacinié dans le noisetier crépu ; dans le noisetier rouge, le tégument de l’amande est rouge. La coquille est épaisse dans quelques variétés, mince dans la noisette « Cosford, » et bleuâtre dans une autre. La noisette diffère par sa grosseur et sa forme, elle peut être ovale, comprimée et allongée, ou presque ronde et grosse dans les noisettes d’Espagne, oblongue et longitudinalement striée dans les « Cosford, » et obscurément cubique dans la noisette « Downton Square » carrée.

Cucurbitacées. — Ces plantes ont longtemps fait le désespoir des botanistes ; beaucoup de variétés ont été regardées comme des espèces, et, ce qui est plus rare, des formes auxquelles on doit actuellement accorder une valeur spécifique ont été classées comme des variétés. Mais les recherches expérimentales récentes d’un botaniste distingué, M. Naudin[7], sont venues jeter un grand jour sur les plantes de cette famille. Cet observateur a, pendant nombre d’années, observé et fait des expériences sur 1 200 échantillons vivants, réunis de toutes les parties du globe. On admet maintenant dans le genre Cucurbita six espèces, dont trois seulement ont été cultivées

  1. Gardener’s Chronicle, 1850, p. 723.
  2. Traduit dans Loudon’s Gardener’s Magazine, 1829, vol. V, p. 202.
  3. Cité dans Gard. Chron., 1849, p. 101.
  4. Gardener’s Chronicle, 1847, p. 541 et 558.
  5. Les détails sont empruntés au Cat. of Fruits, 1842, in Garden of Hort. Soc., p. 103, et à Loudon’s Encyclop. of Gardening, p. 943.
  6. Gardener’s Chronicle, 1860, p. 956.
  7. Ann. des Sciences nat. — Botanique, (4e série), 1856, vol. VI, p. 5.