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ROSES.

maphrodites ayant le périanthe inférieur. Les fleurs hermaphrodites fécondées par leur propre pollen furent stériles.

Si les fleuristes avaient porté leur attention sur d’autres modifications de structure que celles intéressant la beauté de la fleur, s’ils leur avaient appliqué la sélection et qu’ils eussent cherché à les propager par graines, ils auraient certainement donné naissance à une foule de variétés curieuses, qui auraient probablement transmis leurs caractères avec constance. Les horticulteurs se sont quelquefois occupés des feuilles de leurs plantes, et ont ainsi produit des dessins symétriques et fort élégants de blanc, de rouge, de vert, qui sont quelquefois, comme dans le Pélargonium, strictement héréditaires[1]. Du reste, il suffit d’examiner, dans les jardins et les serres, toutes les fleurs très-cultivées, pour y voir d’innombrables déviations de structure dont la plupart ne sont, il est vrai, que des monstruosités, mais n’en sont pas moins intéressantes en ce qu’elles fournissent une preuve de la grande plasticité que peut acquérir l’organisation végétale soumise à la culture. À ce point de vue, les ouvrages comme la Tératologie du professeur Moquin-Tandon sont éminemment instructifs.

Roses. — Ces fleurs offrent l’exemple d’un certain nombre de formes généralement regardées comme espèces, telles que R. centifolia, gallica, alba, damascena, spinosissima, bracteata, Indica, semperflorons, moschata, etc., qui ont été entrecroisées et ont beaucoup varié. Le genre Rosa est un des plus difficiles, et, bien que quelques-unes des formes ci-dessus soient considérées par tous les botanistes comme des formes distinctes, il en est qui sont douteuses ; ainsi, dans les formes anglaises, Babington admet dix-sept espèces, et Bentham cinq seulement. Les hybrides de quelques-unes des formes les plus distinctes, — par exemple ceux de la R. Indica fécondée par le pollen de la R. centifolia, — produisent abondamment de la graine, fait que j’emprunte avec tous ceux qui vont suivre à l’ouvrage de M. Rivers[2]. La plupart des formes originelles importées de divers pays ayant été croisées et recroisées, il n’est pas étonnant, comme le fait remarquer Targioni-Tozzetti à propos des roses communes des jardins d’Italie, qu’il y ait beaucoup d’incertitude sur le lieu d’origine et les formes précises des types sauvages de la plupart d’entre elles[3]. M. Rivers, néanmoins, parlant de R. Indica, croit qu’une observation attentive permet de reconnaître les descendants de chaque groupe (p. 68) ; il croit aussi que les roses ont subi quelque métissage, mais il est évident que, dans la plupart des cas, les différences dues à la variation et à l’hybridisation ne peuvent être distinguées avec certitude.

Les espèces ont varié tant par graine que par bourgeons, et j’aurai, dans le chapitre suivant, l’occasion de montrer que les variations par bourgeons peuvent être propagées non-seulement par greffes, mais aussi souvent par graines. Lorsqu’une nouvelle rose présentant quelque caractère particulier

  1. Alph. de Candolle, O. C., p. 1083, Gard. Chron., 1861, p. 433. L’hérédité des zones blanches et dorées du Pélargonium dépendent beaucoup de la nature du sol. Voir Dr Beaton, Journal of Horticulture, 1861, p. 64.
  2. Rose amateur’s Guide, T. Rivers, 1837, p. 21.
  3. Journal Hort. Soc., vol. IX, 1855, p. 182.