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FLEURS.

Dianthus. — On voit très-fréquemment chez le D. Barbatus, des fleurs de couleurs différentes sur le même pied, et j’en ai observé sur la même touffe de quatre couleurs et nuances diverses. Les œillets (D. caryophyllus, etc.) varient occasionnellement par marcottes ; et quelques formes sont si peu constantes par leurs caractères, que les horticulteurs les appellent des « attrapes[1]. » M. Dickson qui a fort bien discuté la confusion des teintes qui a souvent lieu chez les œillets rayés ou tachetés, dit qu’on ne saurait l’expliquer par le sol où elles croissent, car des marcottes de la même plante peuvent donner des fleurs altérées, et d’autres qui ne le sont pas, même lorsque toutes sont traitées d’une manière semblable ; une fleur seule peut souvent se trouver ainsi dégénérée, toutes les autres étant intactes[2]. Il y a là apparemment un cas de retour par bourgeons à la teinte primitivement uniforme de l’espèce.

Je mentionnerai encore quelques exemples de variation par bourgeons, pour montrer combien dans tous les ordres, il y a de plantes qui ont varié par leurs fleurs. J’ai vu sur une même plante de muflier, (Antirrhinum majus), des fleurs blanches, roses, et rayées, et chez une variété rouge, des branches portant des fleurs rayées. Sur une giroflée double (Matthiola incana), j’ai vu une branche portant des fleurs simples ; et sur une variété double pourpre foncé du violier (Cheiracanthus cheiri), une branche dont les fleurs avaient fait retour à la couleur primitive à reflets métalliques. Sur d’autres branches de la même plante, quelques fleurs étaient exactement pourpres et cuivrées par moitié ; mais quelques-uns des petits pétales du centre étaient pourpres et striés en long de raies cuivrées, ou cuivrés et striés de pourpre. On a observé chez un Cyclamen[3], des fleurs blanches et roses de deux formes, dont l’une ressemblait à la forme Persicum, l’autre à la forme Coum ; on a vu également des fleurs de trois colorations différentes sur l’Œnothera biennis[4]. Le Gladiolus colvillii hybride porte occasionnellement des fleurs de couleur uniforme, et on cite un cas[5] où toutes les fleurs d’une plante avaient ainsi changé de couleur. On a observé aussi deux sortes de fleurs chez un Fuchsia[6]. Le Mirabilis jalapa est extrêmement capricieux, et peut présenter sur un même pied des fleurs rouges, jaunes ou blanches, et d’autres diversement panachées de ces trois couleurs[7]. Il est probable que, ainsi que l’a montré le professeur Lecoq, les plantes de Mirabilis qui produisent des fleurs si extraordinairement variables, doivent leur origine à des croisements entre les variétés de diverses couleurs.

Feuilles et tiges. — En traitant des changements causés dans les fleurs et fruits par la variation de bourgeons, nous avons incidemment signalé quelques modifications dans les tiges et les feuilles des Roses et des Cistes,

  1. Gardener’s Chronicle, 1843, p. 135.
  2. Ibid., 1842, p. 55.
  3. Ibid., 1867, p. 235.
  4. Gärtner, Bastarderzeugung, p. 305.
  5. D. Beaton, Cottage Gardener, 1860, p. 250.
  6. Gardener’s Chron., 1850, p. 536.
  7. Braun, Ray Soc. Bot., Mem. 1853, p. 315. — Hopkirk, O. C., p. 164. — Lecoq, Géog. Bot. de l’Europe, t. III, 1854, p. 405. — et de la Fécondation, 1862, p. 303