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FEUILLES ET TIGES.

à l’état de nature. Les panachures apparaissent toutefois plus souvent chez les plantes venues de graine, et même leur cotylédons peuvent être ainsi affectés[1]. Il y a eu des discussions interminables pour savoir si la panachure devait être regardée comme une maladie. Nous verrons plus tard que, tant pour les jeunes plantes levées de graine que pour les adultes, elle est fortement influencée par la nature du sol. Les plantes venant de semis qui sont panachées, transmettent généralement par graine leur caractère à la plus grande partie de leurs descendants ; je dois à M. Salter la liste de huit genres chez lesquels cela est arrivé[2]. Sir F. Pollock m’a fourni quelques renseignements plus précis ; ayant semé la graine d’une Ballola nigra panachée, qu’il avait trouvée sauvage, trente pour cent des plantes levées de ce semis furent panachées, et des graines de celles-ci donnèrent ultérieurement soixante pour cent de produits panachés. Lorsque les branches panachées viennent d’une variation de bourgeons, et qu’on cherche à propager la variété par graine, les produits levés de semis sont rarement panachés. M. Salter a constaté ce fait sur des plantes appartenant à onze genres, et chez lesquelles la majeure partie des jeunes plantes eurent les feuilles vertes ; un petit nombre furent légèrement panachées ou toutes blanches, et ne valaient pas la peine d’être conservées. Que les plantes panachées proviennent de graine ou de bourgeons, elles peuvent généralement se reproduire par bourgeons et greffes, etc. ; mais toutes sont aptes à faire retour par variation de bourgeons au feuillage ordinaire. Cette tendance peut toutefois différer beaucoup dans les variétés d’une même espèce ; ainsi la variété à raies dorées du Euonymus Japonicus, revient facilement à la variété à feuilles vertes, tandis que celle à raies argentées ne change presque jamais[3]. J’ai vu une variété de houx, dont les feuilles avaient une tache jaune centrale, qui était partout, mais partiellement, revenue au feuillage ordinaire, de sorte que chaque branche portait des rameaux de deux sortes. Dans le Pélargonium et quelques autres plantes, la panachure est généralement accompagnée d’un rapetissement, fait dont le Pélargonium « Dandy » est un exemple. Lorsque ces variétés naines retournent par bourgeons ou par rejets au feuillage ordinaire, les nouvelles plantes conservent quelquefois leur petite taille[4]. Il est remarquable que les plantes propagées de branches ayant fait retour du feuillage panaché au feuillage uni, ne ressemblent pas toujours[5] (d’après un observateur, jamais), à la plante primitive à feuillage simple, dont est provenue la branche panachée ; et il semblerait qu’une plante, passant par variation de bourgeons de feuilles unies à feuilles panachées, et revenant de feuilles panachées aux feuilles unies, soit généralement et à quelque degré, affectée de manière à revêtir un aspect un peu différent.

Variations de Bourgeons par Drageons, Tubercules et Bulbes. — Les cas que nous avons jusqu’à présent signalés de variations par bourgeons

  1. Journal of Hort., 1861, p. 336. — Verlot, O. C., p. 76.
  2. Verlot, O. C., p. 74.
  3. Gardener’s Chronicle, 1844, p. 86.
  4. Ibid., 1861, p. 968.
  5. Ibid., 1861, p. 433. — Cottage Gardener, 1860, p. 2.