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LEUR ORIGINE.

M. Blyth[1] fait remarquer à ce sujet que, dans les parties, méridionales de l’Angleterre, on ne voit jamais de ces chats ; et que, comparé aux chats domestiques indiens, l’affinité du chat ordinaire anglais avec le F. sylvestris est évidente ; il soupçonne qu’à l’époque de l’introduction du chat domestique dans la Grande-Bretagne, où celui-ci était encore rare, tandis que l’espèce sauvage était beaucoup plus répandue qu’à présent, il a dû y avoir des mélanges fréquents. En Hongrie, Jeitteles[2] signale le cas d’un croisement entre une chatte domestique et un mâle sauvage, dont les produits métis ont vécu à l’état domestique. À Alger, le même croisement a eu lieu avec le chat sauvage du pays (F. Lybica)[3]. D’après M. Layard, le chat domestique se croise librement dans le midi de l’Afrique avec l’espèce sauvage (F. Caffra) ; et il a pu voir une paire de métis tout à fait privés et très-attachés à la personne qui les avait élevés ; M. Fry a constaté que ces métis étaient féconds. D’après M. Blyth, le chat domestique s’est croisé avec quatre espèces indiennes. Un excellent observateur, sir W. Elliot, m’apprend relativement à une de ces espèces, le F. chaus, qu’il eut une fois, près de Madras, l’occasion d’en tuer une portée de petits, qui étaient évidemment des métis du chat domestique ; ces jeunes animaux avaient une queue fournie comme celle du lynx, et portaient au côté interne de l’avant-bras la large bande brune qui caractérise le F. chaus. Il ajoute avoir souvent observé cette bande sur l’avant-bras des chats domestiques dans l’Inde. M. Blyth constate que des chats domestiques analogues par la couleur, quoique pas par la forme, sont très-abondants au Bengale ; il ajoute que cette coloration ne se remarque jamais chez les chats d’Europe, dont les tachetures (traits pâles sur un fond noir, symétriquement disposées) si communes chez les chats anglais, n’existent jamais chez ceux de l’Inde. Le docteur Short a informé M. Blyth[4], qu’on rencontre à Hansi des métis

  1. Asiatic. Soc. of Calcutta. — Curators’s Report. Aug. 1856. — Le passage cité de Sir W. Jardine est tiré de ce rapport. M. Blyth, qui s’est beaucoup occupé des chats sauvages et domestiques de l’Inde, donne dans ce rapport une discussion fort intéressante sur leur origine.
  2. Fauna Hungariæ sup. 1862, p. 12.
  3. I. Geoff. St-Hilaire, O. C., t. III, p. 177.
  4. Proc. Zool. Soc. 1863, p. 184.