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LEUR ORIGINE.

diffèrent du chat commun non-seulement par l’absence de queue, mais par la longueur de leurs membres postérieurs, la grandeur de leur tête et par leurs mœurs. Le chat créole d’Antigua, comme me l’apprend M. Nicholson, est plus petit et a la tête plus allongée que le chat anglais. D’après M. Thwaites, la différence entre le chat de Ceylan et la race anglaise frappe au premier coup d’œil ; le premier est petit, à poils couchés ; la tête est petite, le front fuyant, mais les oreilles sont larges et minces ; en somme ces chats ont une apparence vulgaire. Rengger[1] dit que le chat domestique du Paraguay qui remonte à trois cents ans en arrière, diffère d’une manière frappante du chat européen ; plus petit d’un quart, son corps est plus grêle, son poil court, brillant, rare, et fortement couché, surtout sur la queue ; il ajoute qu’à Ascension, la capitale du pays, la modification est moins sensible, par suite des croisements continuels qui ont lieu avec les chats nouvellement importés ; fait qui démontre bien l’importance de la séparation. Les conditions extérieures du Paraguay ne paraissent pas être très-favorables au chat ; car, quoique à moitié sauvage, il ne l’est pas devenu complètement, comme tant d’autres animaux européens. Dans une autre partie de l’Amérique du Sud, d’après Roulin[2], le chat a perdu l’habitude de hurler la nuit. Le Rév. W. D. Fox a acheté à Portsmouth un chat qu’on lui dit provenir de la côte de Guinée ; la peau en était noire et ridée, la fourrure d’un gris bleuâtre et courte, les oreilles un peu nues, les jambes longues et l’aspect général singulier. Ce chat nègre a produit avec le chat ordinaire. Sur la côte d’Afrique opposée à Mombas, le capitaine Owen[3] R. N., constate que tous les chats portent, au lieu de fourrure, des poils roides et courts, et raconte, à propos d’un chat de la baie d’Algoa qui avait été gardé à bord pendant quelque temps, et laissé pendant huit semaines à Mombas, que cet animal subit pendant cette courte période une métamorphose complète, et perdit complètement sa fourrure grise. Desmarest a décrit un chat du cap de Bonne-Espérance remarquable par une bande rouge sur le dos. Sur

  1. Säugethiere von Paraguay, 1830, p. 212.
  2. O. C., part. iii, p. 346. — Gomara a signalé ce fait en 1554.
  3. Narratives of Voyages, t. VI, p. 180.