Page:Darwin - De la variation des animaux et des plantes sous l'action de la domestication, tome 1, 1868.pdf/74

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
CHEVAUX.

arabes, turcs et persans, une diminution de poids de 18 livres, réduction qu’on portait à 36 livres lorsque les deux ascendants appartenaient à ces races orientales[1]. » On sait que depuis fort longtemps les Arabes ont dressé des généalogies de leurs chevaux aussi minutieuses que les nôtres, ce qui implique de grands soins dans l’élevage et la reproduction. En voyant ce qu’on a obtenu en Angleterre par un élevage raisonné, nous ne pouvons douter que dans le cours des siècles les Arabes ne soient aussi arrivés à produire des effets marqués sur les qualités de leurs chevaux. Mais remontant plus en arrière, nous trouvons dans le livre le plus anciennement connu, la Bible, qu’il est question de haras destinés à l’élevage et de chevaux importés à grand prix de pays éloignés[2]. Nous pouvons donc conclure, quelle que soit d’ailleurs l’origine des diverses races existantes, et qu’elles descendent ou non d’une ou de plusieurs souches primitives, que les conditions extérieures directes ont déterminé une somme importante de modifications, mais que la sélection longtemps soutenue par l’homme de légères différences individuelles, a contribué pour la plus grande part au résultat.

Chez plusieurs quadrupèdes et oiseaux domestiques, certaines marques colorées sont fortement héréditaires, ou tendent à reparaître après avoir été longtemps perdues. Ce point ayant une assez grande importance, comme nous le verrons plus tard, je crois devoir exposer avec détails ce qui est relatif à la coloration des chevaux. Toutes les races anglaises, et plusieurs de celles de l’archipel Indien et Malais, quelque différentes qu’elles soient par leur taille et leur apparence, présentent cependant de grandes analogies dans la distribution et la diversification des couleurs. On dit que le cheval de course anglais n’est jamais isabelle[3] ; mais comme cette couleur ainsi que la nuance café-au-lait, est considérée par les Arabes comme sans valeur, et bonne seulement pour les montures des Juifs[4], il se

  1. Prof. Low, Domesticat. Animals, p. 546. — India sporting review, vol. II, p. 181. — Lawrence (Horse, p. 9) remarque qu’il n’y a pas d’exemple qu’aucun cheval de trois quarts de sang (c’est-à-dire, un cheval dont un des grands-parents n’était pas de sang pur), ait pu conserver sa distance en courant pendant deux milles avec des purs-sangs. On cite quelques rares cas où des chevaux sept huitièmes de sang ont pu réussir.
  2. Prof. Gervais (O. C. p. 144) a réuni plusieurs faits sur ce point. Par exemple, Salomon (Rois, liv. I, chap. x, v. 28) acheta en Égypte des chevaux à un prix élevé.
  3. The Field, July 13, 1861, p. 42.
  4. E. Vernon Harcourt, Sporting in Algeria, p. 26.