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PORCS DOMESTIQUES.

avoir été largement croisées avec cette forme. Des porcs du même type ont existé pendant une longue période sur les bords de la Méditerranée, car on a trouvé dans les fouilles faites à Herculanum une figure très-semblable au porc napolitain actuel (Schweineschädel, p. 142.)

Une découverte remarquable, due à Rütimeyer, est celle de l’existence contemporaine, pendant la dernière période de pierre ou néolithique, de deux formes domestiques du porc, le Sus scrofa et le Sus scrofa palustris, ou porc des tourbières (Torfschwein). Rütimeyer a constaté que ce dernier se rapproche des races orientales, et, d’après Nathusius, il appartient très-certainement au groupe du Sus indicus ; cependant Rütimeyer a ultérieurement montré qu’il en diffère par quelques caractères bien accusés. Cet auteur avait cru d’abord que le porc des tourbières existait à l’état sauvage pendant la première partie de l’âge de pierre et n’avait été domestiqué que vers la fin de la même période[1]. Tout en admettant le fait curieux observé en premier par Rütimeyer, de la possibilité de distinguer par la différence de leur aspect les os des animaux sauvages de ceux qui étaient domestiqués, Nathusius n’est pas convaincu de la certitude de la conclusion, en raison de quelques difficultés spéciales que présentent les ossements des porcs (Schweineschädel, p. 147), et Rütimeyer lui-même paraît maintenant avoir quelque doute sur ce point. Le porc des tourbières ayant été domestiqué à une époque aussi reculée, les restes appartenant à différentes périodes historiques ou préhistoriques[2], qu’on en retrouve dans diverses parties de l’Europe, enfin l’existence actuelle de formes voisines en Hongrie et sur les bords de la Méditerranée, nous devons croire que le Sus indicus sauvage s’est autrefois étendu d’Europe en Chine, comme le Sus scrofa s’étend actuellement d’Europe en Hindoustan. À moins que, comme le pense Rütimeyer, il ne puisse y avoir anciennement existé en Europe et dans l’Asie orientale une troisième espèce voisine.

On peut grouper sous le type Sus indicus plusieurs races différant par les proportions du corps, la longueur des oreilles,

  1. Rütimeyer, Pfahlbauten, p. 163.
  2. Rütimeyer, Neue Beiträge… Torfschweine ; Verhand. Naturf. Gesellsch. in Basel, IV, 1865, p. 139.