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au fur et à mesure, comme mauvaises, toutes les plantes dans ce cas qu’ils trouvent dans leurs corbeilles. On a déjà remarqué que quelques pommiers et poiriers provenant de graine, ressemblent généralement, sans cependant leur être identiques, aux arbres sauvages dont ils descendent. Dans nos champs de raves[1] et de carottes, quelques plantes fleurissent trop tôt, et leurs racines se trouvent ordinairement dures et filandreuses, comme dans l’espèce parente. À l’aide d’un peu de sélection, poursuivie pendant quelques générations, on ramènerait probablement la plupart de nos plantes cultivées à un état sauvage ou presque sauvage, sans modifier beaucoup les conditions extérieures. M. Buckman a réalisé ceci pour le panais[2] et M. Hewett C. Watson m’apprend, qu’ayant pendant trois générations choisi dans une des variétés les moins modifiées du chou, le « Scotch kail », les individus les plus divergents, obtint, à la troisième génération, quelques plantes très-semblables aux formes qu’on trouve en Angleterre, autour des vieilles murailles, et qu’on regarde comme indigènes.

Retour chez les animaux et plantes redevenus sauvages. — Dans les cas que nous avons envisagés jusqu’à présent, les animaux et plantes faisant retour n’ont pas été exposés à des changements brusques et considérables des conditions extérieures, mais il n’en est pas de même pour ceux qui sont redevenus sauvages. Plusieurs auteurs ont souvent répété de la manière la plus positive, que les animaux et plantes, rendus à l’état de nature, font invariablement retour à leur type primitif. Cette opinion ne repose que sur des preuves bien insignifiantes. Un grand nombre de nos animaux domestiques ne pourraient pas subsister à l’état sauvage ; ainsi les variétés les plus améliorées du pigeon seraient incapables de chercher elles-mêmes leur nourriture dans les champs. Les moutons ne sont jamais redevenus sauvages ; ils auraient été promptement détruits par les animaux féroces. Ne connaissant pas, dans beaucoup de cas, l’espèce parente primitive, il ne nous est pas possible de savoir s’il y a eu ou non un retour plus ou moins prononcé vers la forme originelle. On ne sait jamais quelle est la variété qui a été rendue à la liberté ; et il est probable

  1. Gard. Chron., 1855, p. 777.
  2. Ibid. 1862, p. 721.