Page:Dash - Un amour coupable.djvu/18

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entrèrent sous une voûte garnie de suisses et de factionnaires, et montèrent l’escalier conduisant aux appartements particuliers du château, c’est-à-dire à ceux que le roi et la reine accordaient aux gens de leurs maisons ou aux courtisans auquels ils daignaient faire cet honneur. Elles s’arrêtèrent au second étage. Un des laquais ouvrit la porte ; la duchesse passa la première. Aurore de Sainte-Même la suivit. Son joli visage portait l’empreinte d’une contrariété très-vive. Elle avait quitté le parc au moment le plus brillant, au moment où elle s’amusait davantage, et cela pour un danger imaginaire. Qui songeait à la façon dont cet homme la regardait !

Madame de Vaujour s’arrêta dans un petit salon fort richement meublé, mais si bas et si étroit qu’on osait à peine y remuer, dans la crainte de briser quelque porcelaine. Un seigneur d’une soixantaine d’années, d’un air remarquablement distingué et respectable, se chauffait près d’un bon feu, pendant qu’une dame un peu plus jeune que lui, et qui semblait souffrante, feuilletait un livre de dévotion. À l’entrée des jeunes femmes, ils se levèrent, et leur firent une place près de la cheminée.

— Vous voilà déjà ? dit la dame, vous rentrez de bonne heure aujourd’hui.

— Nous ne pouvions rester plus longtemps, ma mère : une manière de bourgeois, fort adroit à patiner,