Page:Dash - Un amour coupable.djvu/23

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elles ne connaissaient que trop les suites, elles employèrent tous les moyens pour la calmer.

— Soyez tranquille, ma mère chérie, poursuivit en riant la duchesse, nous ne le rencontrerons plus. Nous renoncerions plutôt à la promenade, puisqu’il vous tourmente. Et d’ailleurs, que pouvons-nous avoir de commun avec cet inconnu ? il n’est ni de notre monde ni de nos habitudes ; le hasard l’a rapproché de nous, un autre hasard l’éloignera. Il ne nous cherche pas, allez !

Au même instant, comme pour donner un démenti à ces paroles, le patineur ôta son chapeau et les salua avec beaucoup de respect. Il venait de les apercevoir, car elles s’étaient fort découvertes, ne songeant plus qu’à rassurer leur mère et ayant oublié leurs craintes. Elles se reculèrent vivement par un mouvement involontaire. La mère resta seule à sa place, les yeux toujours fixés au même endroit.

— M’étais-je trompée, Aurore ? m’étais-je trompée, Amaranthe ? vous cherchait-il ? Oh ! chères bien-aimées, ne montrez jamais cet homme à votre père : il le tuerait, fût-il aussi innocent qu’au jour de sa naissance !

Madame de Sainte-Même se retira lentement et ferma le rideau. Ses filles l’attendaient près de la cheminée.

— Vous semblez bien souffrante, ma mère, dit la duchesse : resterai-je, et Aurore ira-t-elle seule avec madame de Brionne ?