Page:Dash - Un amour coupable.djvu/306

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lorsqu’il eut vu la dernière pelletée de terre tomber sur ce cœur qui l’avait tant aimé.

— Adieu, pauvre Fiorina ! personne ne m’aimera comme toi !

Au lieu de monter au portique, où il établit son quartier général, il resta seul dans la barque et se fit conduire de l’autre côté du lac. Pendant cette traversée, des pensées de toutes sortes l’agitèrent : il se représenta sa vie, ce qu’il avait éprouvé, ce qu’il avait souffert et fait souffrir. Son inconvenable amour pour la comtesse, le premier sentiment de son âme, y palpitait avec plus de force que jamais. Il se rappelait son désespoir quand il apprit son mariage, la rage de vengeance qui le poussa à se faire aimer d’Aurore, à l’enlever, à devenir maître de sa fortune et de sa main afin de punir l’orgueilleuse femme qui l’abandonnait ; et ces irrésolutions, et ces changements, et ces revers si familiers à la passion ! et ces désirs effrénés de ne point réussir à ce qu’il voulait néanmoins, et ces craintes, et ces impressions diverses qui donnent à un homme passionné les mille faces du caméléon ! Il avait fait de mademoiselle de Sainte-Même un instrument qu’il brisait maintenant, car elle ne résisterait pas au coup qui la frappait.

— Ah ! Je suis un misérable, et si j’avais le courage de mourir !… Mourir ! et elle ! la quitter, la perdre ! Oh ! non, plutôt mettre le feu à l’univers entier !