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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

pas assez forts pour être capables d’agir, sans toutes les bonnes influences que les femmes peuvent exercer sur leur vie. Tous les deux ont besoin de secours mutuels, et il me semble que nous devons nous efforcer d’organiser la société de manière que les hommes et les femmes puissent réciproquement agir sur le caractère, sur les pensées et sur les sentiments l’un de l’autre, de manière que nous puissions nous unir constamment dans un commun effort pour atteindre un idéal meilleur et plus élevé.

Je ne considérerai plus qu’un des côtés de la question : la grande quantité d’efforts mal dirigés que je crois voir dans ce pays. Nulle part vous ne pouvez en trouver plus que dans la société. Qui ne s’aperçoit de l’énorme quantité de travail, de temps, de dépense, de peines, d’efforts qui se consument, qui s’épuisent entièrement dans la grande machine que nous appelons société ? qui n’est pas sensible à cette considération que nous pouvions un jour diriger ces grandes forces sociales dans une autre direction, s’il nous était donné d’appliquer ces qualités particulières des femmes, cette ardente puissance de devoir, ce dévouement, cette énergie à de plus nobles et de plus hauts objets que ceux que la société leur réserve, qui donc ici ne s’aperçoit que nous avancerions d’un pas bien plus résolu vers cet avenir où il ne sera pas possible de trouver la férocité et la barbarie existant au sein même de notre civilisation ; vers cet avenir où le luxe et l’agitation pour la recherche du plaisir ne restera pas plus longtemps en face de l’ignorance et de la pauvreté privées d’appui ? Dirigeons ces grandes forces sociales vers ce qui est bon, et l’avenir, l’avenir heureux, vers lequel nous tournons nos yeux, sera, à mon avis, rapproché de nous d’une manière incommensurable.

Pour terminer, madame la présidente, je dirai simplement que je ne vois aucune séparation entre les sentiments des hommes et ceux des femmes ; aucune brèche faite par la nature ; il n’existe que celle que nous avons creusée par notre perversité, et plus vite nous y jetterons un pont, plus cela sera bon et heureux pour nous tous.