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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

pouvoir actuel ? S’il comprend enfin que l’enseignement mixte, pas plus que l’enseignement spécial, ne doit être imposé par voie autoritaire, les communes, encouragées par les inspecteurs, l’organiseront avec mesure pour les adultes surtout, à qui il est si nécessaire après les heures de travail. Ces réunions seront, soyons-en sûrs, plus profitables à la France que celles qui nous attristent tous les jours, lorsque nous voyons hommes et femmes s’abrutir à l’envi dans les cabarets et autres lieux plus suspects encore.

Quoi que nous fassions, toutefois la réunion des jeunes gens et des jeunes filles pour le développement de leurs facultés intellectuelles et morales n’entrera généralement dans nos mœurs qu’avec la responsabilité et la liberté : considération qu’il faut développer en parlant de l’externat, complément de l’école mixte.

La loi et l’éducation doivent poursuivre le but commun de bien diriger la volonté de l’homme, l’une par la coercition, l’autre par la persuasion ; mais lorsque la loi infidèle à sa tâche ne développe que la licence et favorise toute expansion de la nature sensuelle et quasi-bestiale, nous voyons la jeunesse des deux sexes casernée dans des établissements où elle ne peut prendre aucune des qualités qui fondent la prospérité nationale. Je n’entreprendrai pas de faire ressortir les avantages économiques de l’externat, qui permet aux frères et aux sœurs de prendre leur pension sous le même toit et aux familles pauvres de limiter les dépenses matérielles selon leurs moyens ; au point de vue moral et intellectuel, l’externat opère le développement harmonique des forces sociales, parce qu’il réunit, ainsi que l’enseignement mixte, le principe de l’obéissance et celui de l’initiative personnelle. Le dénuement absolu de l’enfance la soumet à un assujettissement dont l’éducation se sert pour réprimer les instincts aveugles et capricieux ; cet assujettissement doit donc diminuer à mesure que la volonté se fortifiant est plus capable de gouverner, de dominer et de vaincre les penchants. De la direction salutaire de la volonté résultent des goûts, des sentiments et des habitudes qui, se traduisant en actes et en esprit