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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

qu’en conséquence ils seraient à jamais déshonorés s’ils songeaient à déshonorer une femme[1].

Quant aux principes puisés dans la société et l’enseignement, prenons y garde ; s’ils sont bons, il faut les inculquer indistinctement aux citoyens et aux citoyennes ; s’ils sont mauvais au contraire, il faut les regarder pour tous comme une source empoisonnée, puisque l’harmonie dans la famille et dans l’État, et, en conséquence, le salut de la France, sont à ce prix.

Dans l’éducation surtout de l’épouse et de la mère futures, des principes vrais, applicables sans distinction de profession et de sexe, offriront ces précieux résultats.

La réclusion et l’inaction de nos filles riches, leur éducation d’apparat, si dispendieuse et si vide d’idées ; par suite leur futilité et leurs scandaleuses profusions ; leur désir de paraître, cette grande préoccupation des esprits frivoles, sont peut-être aussi préjudiciables à la bonne économie sociable que la profonde corruption des filles pauvres. C’est de cet antagonisme qu’il faut sortir par un travail herculéen sur nous-même. Quand nous aurons compris que la femme a une autre destinée que celle d’être annulée, abêtie et corrompue par la société ; que l’éducation qui développe la raison est supérieure à celle qui l’enchaîne, nous saurons peut-être enfin qu’on donne plus de charme moral aux filles en leur enseignant des principes qu’en leur inculquant des préjugés.

Si nous accordons aux femmes de toutes les classes indépendance, dignité et honneur dans l’accomplissement de leurs obligations de famille et de société, elles ne chercheront plus à réussir par la coquetterie, le savoir-faire, la fourberie et le vice. Au lieu d’encourager partout les caprices de la passion mobile et inconsciente, développons enfin par le sentiment raisonné du devoir les affections profondes qui créent les âmes fortes et les caractérisent, et le cœur et la conscience dicteront à tous le tact et la délicatesse de conduite.

  1. Les lois contre les séducteurs, excessives dans la Nouvelle-Angleterre, relèvent du Code pénal ; aussi les mœurs y déshonorent plus le séducteur que le voleur. On peut voir par là que la liberté est l’antipode de la licence.