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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

dois en même temps demander la permission de faire remarquer à l’assemblée que le bill qui doit être présenté a à peine assez d’étendue pour justifier quelques-uns des arguments dont on a usé pour le combattre et quelques-uns des arguments par lesquels on l’a appuyé.

Le bill propose non de donner le droit de vote à toutes les femmes, mais seulement, à celles qui remplissent les conditions actuellement requises des hommes électeurs ; c’est une chose si simple, il me semble, qu’il est impossible de la discuter devant un meeting où il n’y a pas d’opposants, ou de prévenir les objections qui peuvent être faites, parce qu’il est impossible de connaître la nature de ces arguments avant que la question ait été portée devant la Chambre des communes. Je sais que certains journaux ont par anticipation combattu le bill, mais leur seule objection est que les femmes ne désirent pas le suffrage ; un meeting comme celui-ci est, je le pense, une réponse suffisante. Si nous demandions maintenant tout ce qui peut être demandé ; si nous demandions que le vote soit accordé à toutes les femmes qui le désirent, ou à toutes les femmes sans exception, il pourrait y avoir de plus puissants arguments, quoique je ne pense pas qu’il en soit qui puisse être mis en avant contre cette proposition. On pourrait dire ici comme en Amérique que le devoir de défendre le pays doit aller avec le suffrage, mais cet argument est toutefois entièrement inapplicable à la mesure particulière qui nous est soumise cette année.

La motion que je suis appelé à seconder, si nous voulions la critiquer minutieusement, prouverait peut-être son exactitude rigoureuse ; elle établit que l’extension du suffrage, tant que les femmes en seront exclues, est une injure positive pour elles, puisqu’elle fait d’elles la seule classe d’interdits. En ce qui regarde les derniers mots de cette motion, je dirais que les femmes ont toujours été la seule classe d’interdits ; elles ont toujours été les seules personnes exclues des franchises, sans qu’on ait essayé nulle part de les faire sortir de leur incapacité.

Je ne veux pas retenir l’assemblée après le talent que