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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

d’écoles normales, les inspectrices, après avoir subi les mêmes épreuves que les directeurs et inspecteurs, recevront un traitement identique ; le progrès de l’enseignement demande aussi que l’action de l’inspectrice s’étende à toutes les écoles de filles et aux écoles mixtes où l’on enseigne les travaux féminins.

De cette étude nous tirons la conviction que pour améliorer la situation intellectuelle et morale de la France il faut rendre les femmes indépendantes des hommes, qui les asservissent au profit de leurs passions, qui mettent tous leurs soins à les détourner des idées générales, qui ne développent chez elles qu’une sagacité étroite, mesquine pour les intérêts immédiats, parce qu’ils craignent partout les grandes qualités du caractère.

Il nous faut enfin rompre avec ces traditions funestes ; il nous faut dégager les femmes de leur esprit de coterie, de leur partialité routinière, de leurs préjugés de classe et de nationalité ; il faut réveiller chez elles le saint amour de la justice, du devoir et de l’humanité ; il faut comprendre enfin et surtout qu’on les ramènera d’autant mieux à leur destinée spéciale qu’on leur inspirera un plus grand amour pour l’intérêt public. Pour atteindre ce but, nous considérerons, à l’exemple des peuples libres, la capacité électorale comme l’instrument indispensable de tout progrès, parce qu’elle est l’unique garantie de la justice qu’on mettrait à examiner les réclamations des femmes, et de l’équité avec laquelle on résoudrait les questions relatives aux droits et aux intérêts de leur sexe. N’entendons-nous pas en effet les satisfaits nombreux d’une injustice qui leur est profitable s’en applaudir sans honte ? Après avoir monopolisé la dotation universitaire par la spoliation des anciennes dotations des femmes, après avoir détruit au profit de leurs vices les lois universelles de l’ordre public, ils nous disent avec un imperturbable sang-froid : Résignez-vous à voir votre salaire amoindri partout ; vos droits lésés dans l’enseignement primaire, annulés dans l’enseignement secondaire supérieur et professionnel, etc. ; laissez immoler la famille et conspuer la femme, puisque cela a été