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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

rière. J’attendrais, en conséquence de l’influence politique des femmes, un accroissement considérable d’activité dans la recherche des causes de ces maux. Je sais que certains hommes s’alarment de tout accroissement d’activité dans cette direction, parce qu’ils pensent qu’il est synonyme de bienfaisance inconsidérée, de réglementation insensée et de redoublement général d’ingérence policière. Mais il y a ici une immixtion sage aussi bien qu’une insensée, une assistance bien ou mal dirigée, et la tendance actuelle est de les confondre. J’ai la conviction que si l’État employait tous les moyens dont il dispose pour élever l’étendard de la moralité, et même à certains égards celui du bien-être physique dans la société, il trouverait qu’il a plus de pouvoir qu’il n’est de mode aujourd’hui de le croire, et verrait que les gouvernements sont blâmables en négligeant les vrais moyens d’atteindre ce but. Le temps est passé où les gouvernements, à généralement parler, étaient activement tyranniques ; leur péché favori est aujourd’hui l’indolence et l’indifférence. Quelque scrupule qu’ils aient à faire le mal, ils n’en ont en général aucun à le laisser faire ; ils permettent d’accumuler des montagnes de maux, de génération en génération, sans faire aucune tentative sérieuse pour prévenir cette accumulation. Un tel état de chose est en quelque sorte inhérent au gouvernement exclusif des hommes, qui encourage cette facile satisfaction personnelle.

Les hommes sont plus indolents d’esprit que les femmes, et beaucoup trop disposés à croire qu’ils ont fait quelque chose ou qu’il n’y a rien à faire sur ce sujet.

Leurs consciences et leurs sentiments ont besoin de stimulants et il faut pour cela l’impulsion plus forte et plus active de la femme. On me demandera peut-être si à mon avis, cette impulsion active peut dépendre d’une excitation à la ligne de conduite la plus raisonnable ; si les femmes sauraient bien distinguer entre les bonnes et les mauvaises manières de combattre ces désordres et ne seraient point disposées à prendre les moyens les plus absolus pour les plus efficaces. J’avoue franchement que l’éducation politique des femmes exige de grands perfec-