Page:Daubié - L'émancipation de la femme, 1871.pdf/36

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
37
L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

toute nation libre, qui aspirent à rendre réelle l’égalité théorique, et malheureusement vaine, dont nos lois font la proclamation. C’est pourquoi, de l’examen des branches diverses d’enseignement général et spécial qu’il faut ouvrir à la femme, nous déduirons ses droits à l’exercice de toutes les carrières où ses aptitudes la poussent. À cette question se rattachent les réformes à introduire dans l’instruction primaire, secondaire, supérieure et professionnelle, pour que tous obtiennent une rétribution légitime, fondée, sans acception de naissance ni de sexe, sur la nature et la valeur du service rendu.




ENSEIGNEMENT PRIMAIRE


Lorsque l’insuffisance déplorable de l’instruction des filles attire l’attention du législateur, il cherche d’ordinaire à y remédier en leur ouvrant des écoles. Mais le mal subsiste quand même, parce qu’il provient de l’incapacité des institutrices, souvent surchargées de travail, presque toujours dépourvues de diplômes ou de méthode pédagogique, et de l’incurie ou de la pauvreté des parents qui n’envoient leurs enfants à l’école qu’un temps très-court.

La plupart des institutrices, on ne saurait le nier, sont si impropres à leur tâche qu’après avoir donné les notions élémentaires de la lecture, de l’écriture et du calcul, elles laissent végéter les enfants d’une intelligence même exceptionnelle, sans leur communiquer de connaissances plus étendues. Ainsi, dans nos bourgs, nos chefs-lieux de canton, certaines jeunes filles, de la classe aisée, qui ont fréquenté toute leur vie les écoles, en sortent à seize et à dix-sept ans, sans avoir appris l’orthographe la plus