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L’ÉMANCIPATION DE LA FEMME

l’obligation de l’instruction qui est indépendante de la fréquentation de l’école ; il n’y a pas même à glaner ici après M. J. Simon, qui a épuisé le sujet avec un talent et une expérience qui ne laissent rien à désirer[1].

L’obligation de l’école appelle sa gratuité pour les enfants indigents ou pauvres ; mais la gratuité absolue qu’accordent déjà spontanément certaines communes ne peut être généralisée par l’État qu’avec des frais énormes dont l’utilité est contestable ; des parents à même de donner l’instruction secondaire et supérieure à leurs fils ; l’enseignement encore plus dispendieux des arts d’agrément à leurs filles, doivent sans doute acquitter la rétribution minime des écoles primaires ; les en alléger aux frais du budget, ce serait en définitive faire payer par les pauvres l’instruction des riches. Il suffit donc d’établir la gratuité sans mesures restrictives pour les indigents et les pauvres qui la réclameront. On pourrait aussi imiter divers pays européens qui établissent la gratuité de l’instruction en dégrevant les campagnes des frais imposés aux villes où la richesse est plus grande. Le principe de la gratuité serait fort imparfait du reste, si on le bornait à l’instruction primaire, car la gratuité doit avoir bien moins pour but de faire instruire les riches avec l’argent des pauvres que de développer tous les talents natifs ; il y a détriment pour la société et injustice pour l’enfant pauvre chaque fois qu’il limite son activité, faute de ressource ; aussi le bienfait de la gratuité ne serait réel que si on l’assurait par des bourses, pour tous les degrés d’enseignement, aux enfants pauvres qui montrent une capacité exceptionnelle dans les écoles primaires. Les communes qui accordent la gratuité absolue agiraient donc bien mieux en prélevant sur les filles riches une rétribution au profit de l’instruction professionnelle des filles pauvres. Soumettons ces questions si graves aux hommes de progrès et songeons que pour régénérer la France il faut songer surtout à la culture de

  1. Voir l’École.