Page:Daudet – Les Rois en exil – Éditons Lemerre.djvu/186

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Galice à l’hôtel Drouot, les deux affiches couvrant les murs, fit quelque bruit ; mais Paris ne s’arrête pas longtemps aux mêmes préoccupations, ses idées suivent la feuille volante des journaux. On parla des deux ventes pendant vingt-quatre heures. Le lendemain on n’y pensait plus. Christian II accepta sans résistance les réformes voulues par la reine ; depuis sa triste équipée, il gardait vis-à-vis d’elle une attitude presque confuse, humiliant encore cet enfantillage volontaire dont il semblait faire une excuse à ses fredaines. Que lui importaient d’ailleurs les réformes de la maison ! Sa vie, toute de dissipation et de plaisirs, se passait dehors. Chose étonnante, en six mois il n’eut pas une fois recours à la bourse de Rosen. Cela le relevait un peu aux yeux de la reine, satisfaite aussi de ne plus voir stationner dans un coin de la cour le cab fantastique de l’Anglais, de ne plus rencontrer par les escaliers ce sourire obséquieux de créancier courtisan.

Pourtant le roi dépensait beaucoup, faisant la fête plus que jamais. Où trouvait-il de l’argent ? Élisée le sut de la façon la plus singulière par l’oncle Sauvadon, ce brave homme auquel il donnait autrefois « des idées sur les choses », la seule de ses anciennes relations qu’il eût gardée, depuis son entrée rue Herbillon. De temps en temps il allait déjeuner avec lui à Bercy, lui apporter des nouvelles de