Page:Daudet - Au bord des terrasses, 1906.djvu/42

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
32
AU BORD DES TERRASSES


Et sans voir le clocher, je redoute la cloche.
Quel espoir a sonné plus haut que son métal,
Mêlé d’un argent clair parmi le fer rival,
Battement mesuré qui s’éloigne et s’approche ?

Défendez-moi de l’air, par l’oiseau fait de cris.
De l’eau battant l’écluse en colère sonore,
Musique d’éléments, où j’ai si bien compris
Ce qui souffre au couchant et se plaint dans l’aurore !

Tout rythme est un départ vers d’inconnus lointains,
Toute corde un tremplin vibrant à la pensée ;
Des vagues et des sons les contours incertains
S’élargissent, pareils, sur la mer angoissée !

Mieux vaut ne rien entendre, à qui n’offre jamais
Sa vie à la chimère ailée et triomphante
Qui supprime l’espace, et cherche les sommets.
Et peut forcer l’azur de ce ciel qui nous hante !