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LE CONCERT DE LA HUITIÈME



Tous les bataillons du Marais et du faubourg Saint-Antoine campaient cette nuit-là dans les baraquements de l’avenue Daumesnil. Depuis trois jours l’armée de Ducrot se battait sur les hauteurs de Champigny ; et nous autres, on nous faisait croire que nous formions la réserve.

Rien de plus triste que ce campement du boulevard extérieur, entouré de cheminées d’usines, de gares fermées, de chantiers déserts, dans ces quartiers mélancoliques qu’éclairaient seulement quelques boutiques de marchands de vin. Rien de plus glacial, de plus sordide que ces longues baraques en planches, alignées sur le sol battu, sec et dur de décembre, avec