Page:Daudet - Contes du lundi, Lemerre, 1880.djvu/278

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haute voix et les feuilletons en pleine rue. Ah ! comme ils sont heureux tous ceux-là qui rentrent chez eux et qui n’ont pas fait de pièces !… Me voici devant le théâtre. Tout est fermé, éteint. Décidément, je ne saurai rien ce soir ; mais je me sens une immense tristesse devant les affiches mouillées et les ifs à lampions qui clignotent encore à la porte. Ce grand bâtiment que j’ai vu tout à l’heure s’étaler en bruit et en lumière à ce coin du boulevard est sourd, noir, désert, ruisselant comme après un incendie… Allons ! c’est fini. Six mois de travail, de rêves, de fatigues, d’espérances, tout cela s’est brûlé, perdu, envolé à la flambée de gaz d’une soirée.

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