Page:Daudet - Contes du lundi, Lemerre, 1880.djvu/328

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l’enclos inculte et silencieux et l’éternité voyageuse de la mer…

C’est là devant que la jeunesse vient danser le dimanche soir. Pendant qu’un peu de lumière monte encore des vagues au long de la jetée, les groupes de filles et de garçons se rapprochent. Les rondes se forment, et une voix grêle part d’abord toute seule sur un rythme simple qui appelle le chœur après lui :

C’est dans la cour du Plat-d’Étain…

Toutes les voix redisent ensemble :

C’est dans la cour du Plat-d’Étain…

La ronde s’anime, les cornettes blanches tournoient, s’entrouvrant sur les côtés comme des ailes de papillon. Presque toujours le vent de la mer emporte la moitié des paroles :

....perdu mon serviteur…
....portera mes couleurs…

La chanson en paraît encore plus naïve et charmante, entendue par fragments, avec des élisions bizarres telles qu’en renferment les chansons de pays composées en dansant, plus soucieuses du rythme que du sens du mot.