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V

promenade sur le starnberg


Il était bien du pays bleu aussi, ce lac étincelant qui miroite au fond de ma mémoire. Rien que d’écrire ce nom de Starnberg, j’ai revu tout près de Munich la grande nappe d’eau, unie, pleine de ciel, rendue familière et vivante par la fumée d’un petit steamer qui longeait les bords. Tout autour, les masses sombres des grands parcs, séparées de place en place, comme ouvertes par la blancheur des villas. Plus haut, des bourgs aux toits serrés, des nids de maisons posés sur les pentes ; plus haut encore, les montagnes du Tyrol lointaines, couleur de l’air où elles flottent, et dans un coin de ce tableau un peu classique, mais si charmant, le vieux, vieux batelier, avec ses longues guêtres et son gilet rouge à boutons d’argent, qui me promena tout un dimanche, et paraissait si fier d’avoir un Français dans son bateau.

Ce n’était pas la première fois que pareil