Page:Daudet - Contes du lundi, Lemerre, 1880.djvu/93

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collège et je ne sais combien de sociétés d’orphéons.

C’est l’orphéon de Saint-Christophe et son admirable chœur à trois voix : Sauvons la France, qui donnèrent le branle au mouvement national.

« Oui, oui, sauvons la France ! » criait le bon Tarascon, en agitant des mouchoirs aux fenêtres, et les hommes battaient des mains, et les femmes envoyaient des baisers à l’harmonieuse phalange qui traversait le cours sur quatre rangs de profondeur, bannière en tête et marquant fièrement le pas.

L’élan était donné. À partir de ce jour, la ville changea d’aspect : plus de guitare, plus de barcarolle. Partout le luth espagnol fit place à la Marseillaise, et, deux fois par semaine, on s’étouffait sur l’Esplanade pour entendre la fanfare du collège jouer le Chant du départ. Les chaises coûtaient des prix fous !…

Mais les Tarasconais ne s’en tinrent pas là.