Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/155

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– Qu’est-ce que nous allons devenir ?… disait-il continuellement… Oh ! les femmes…

Un jour, mademoiselle Planus tricotait près du feu en attendant son frère. Le couvert était mis depuis une demi-heure, et la vieille fille commençait à s’inquiéter d’un retard aussi incroyable, quand Sigismond entra, la figure bouleversée, sans prononcer un mot, ce qui était contraire à toutes ses habitudes.

Il attendit que la porte fût bien fermée, puis, devant la mine interrogative et troublée de sa sœur :

– J’ai du nouveau, dit-il à voix basse. Je sais quelle est la femme qui est en train de nous ruiner.

Plus bas encore, après un regard circulaire aux meubles muets de leur petite salle à manger, il prononça un nom singulier, si inattendu, que mademoiselle Planus se le fit répéter deux fois.

– Est-ce possible ?

– C’est comme ça.

Et malgré son chagrin il avait presque un air de triomphe. La vieille fille n’y pouvait croire… Une personne si bien élevée, si polie, qui l’avait reçue avec tant de cordialité !… Comment était-ce supposable ?

Sigismond Planus dit. « J’ai des preuves… »

Là-dessus, il raconta que le père Achille, un soir à onze heures, avait rencontré Georges et Sidonie au moment où ils entraient dans un petit hôtel garni du quartier Montmartre. Et cet homme-là ne mentait pas. On le connaissait depuis longtemps. D’ailleurs, d’autres