Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/194

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qu’ils m’ont fait… Ah ! tiens, vraiment, le bon Dieu m’a comblé dans la vie…

Là-dessus le voilà parti à énumérer tous ses bonheurs. Sidonie était la meilleure des créatures, un amour de petite femme qui lui faisait beaucoup d’honneur. Ils avaient un intérieur charmant. Ils voyaient du monde, du très beau monde. La petite chantait comme un rossignol, grâce à la méthode si expressive de madame Dobson. Encore un bien bon être que cette madame Dobson… Une seule chose le tourmentait, ce pauvre Risler : c’était sa brouille incompréhensible avec Sigismond. Frantz l’aiderait peut-être à éclaircir ce mystère.

– Oh ! oui, je t’y aiderai, frère, répondait Frantz les dents serrées ; et le rouge de la colère lui montait au front à l’idée qu’on avait pu soupçonner cette franchise, cette loyauté qui s’étalaient devant lui dans leur expression spontanée et naïve. Heureusement il arrivait, lui, le justicier ; et il allait remettre toutes choses en place.

Cependant on approchait de la maison d’Asnières. Frantz l’avait déjà remarquée de loin à un caprice d’escalier en tourelle tout luisant d’ardoises neuves et bleues. Elle lui parut faite exprès pour Sidonie, la vraie cage de cet oiseau au plumage capricieux et voyant.

C’était un chalet à deux étages, dont les glaces claires, les rideaux doublés de rose s’apercevaient du chemin de fer, miroitant au fond d’une pelouse verte, où pendait une énorme boule de métal anglais.