Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/216

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se lever précipitamment, sitôt la dernière ritournelle finie.

– Je m’en vais… Il est tard.

– Comment ! tu ne couches pas ici ? Mais ta chambre est prête.

– Toute prête, ajouta Sidonie avec un regard singulier.

Il se défendit vivement. Sa présence à Paris était indispensable pour certaines missions très importantes dont la Compagnie l’avait chargé. On essayait encore de le retenir, qu’il était déjà dans l’antichambre, traversait le jardin au clair de lune, et, parmi toutes les rumeurs d’Asnières, s’en allait vers la gare en courant. Quand il fut parti, Risler monté dans sa chambre, Sidonie et madame Dobson s’attardèrent aux fenêtres du salon. La musique du Casino voisin leur arrivait avec les « Ohé » des canotiers et le bruit des danses pareil à un mouvement de tambourin rythmé et sourd.

– En voilà un trouble-fête !… disait madame Dobson.

– Oh ! je l’ai maté, répondait Sidonie, seulement il faut que je prenne garde… Je serai très surveillée maintenant. Il est si jaloux… Je vais écrire à Cazaboni de ne plus venir pendant quelque temps, et toi, demain matin, tu diras à Georges d’aller passer quinze jours à Savigny.