Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et Frantz, lui aussi, commençait à être sous le charme. Peu à peu mam’zelle Zizi s’emparait de son cœur et en chassait jusqu’au souvenir de Sidonie. Il est vrai que le pauvre justicier faisait bien tout ce qu’il pouvait pour cela. À toute heure du jour il était auprès de Désirée, et se serrait contre elle comme un enfant. Pas une fois il n’avait osé retourner à Asnières. L’autre lui faisait encore trop peur.

– Viens donc un peu là-bas… Sidonie te réclame, lui disait de temps en temps le brave Risler, quand il entrait le voir à la fabrique. Mais Frantz tenait bon, prétextait toutes sortes d’affaires pour renvoyer toujours sa visite au lendemain C’était facile avec Risler, plus que jamais occupé de son Imprimeuse dont on venait de commencer la fabrication.

Chaque fois que Frantz descendait de chez son frère, le vieux Sigismond le guettait au passage et faisait quelques pas dehors avec lui, en grandes manches de lustrine, sa plume et son canif à la main Il tenait le jeune homme au courant des affaires de la fabrique. Depuis quelque temps, les choses avaient l’air de marcher mieux. M. Georges venait régulièrement à son bureau et rentrait coucher tous les soirs à Savigny. On ne présentait plus de notes à la caisse. Il paraît que la madame, là-bas, se tenait aussi plus tranquille. Le caissier triomphait.

– Tu vois, petit, si j’ai bien fait de t’avertir… Il a suffi de ton arrivée pour que tout rentre dans l’ordre… C’est égal, ajoutait le bonhomme emporté par l’habitude, c’est égal… chai bas gonfianze…