Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/341

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La cabotine ! Tout son bonheur de vie était à jamais perdu : honneur, famille, fortune. Elle était chassée de sa maison, dépouillée, déshonorée. Elle venait de subir toutes les humiliations, tous les désastres. Cela ne l’empêcha pas de souper avec un appétit merveilleux et de tenir tête joyeusement aux plaisanteries de Delobelle sur sa vocation et ses succès futurs. Elle se sentait légère, heureuse, partie pour le pays de Bohème, son vrai pays. Qu’allait-il lui arriver encore ? De combien de hauts et de bas allait se composer sa nouvelle existence imprévue et capricieuse ? Elle y pensait en s’endormant dans le grand fauteuil de Désirée ; mais elle pensait aussi à sa vengeance, sa chère vengeance qu’elle tenait-là, sous sa main, toute prête, et si sûre, et si féroce !