Page:Daudet - Fromont jeune et Risler aîné, 1874.djvu/381

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touché, mademoiselle Planus s’était assise dans la petite salle basse, et attendait pleine d’agitation.

Enfin, vers onze heures, on sonna. Un coup de sonnette, timide et triste, qui ne ressemblait en rien au vigoureux coup de poignet de Sigismond.

– Est-ce vous, monsieur Planus ?… demanda la vieille demoiselle du haut du perron.

C’était lui, mais il ne rentrait pas seul. Un grand vieux tout courbé le suivait, qui, en entrant, dit bonjour d’une voix lente Alors seulement mademoiselle Planus reconnut Risler aîné, qu’elle n’avait pas vu depuis les visites du jour de l’an, c’est-à-dire quelque temps avant tous les drames de la fabrique. Elle eut peine à retenir une exclamation de pitié, mais devant le mutisme grave des deux hommes, elle comprit qu’il fallait se taire.

– Mademoiselle Planus, ma sœur, vous mettrez des draps blancs à mon lit. Notre ami Risler nous fait l’honneur de coucher chez nous, cette nuit.

La vieille fille alla bien vite préparer la chambre avec un soin presque tendre, car on sait qu’en dehors de M. Planus mon frère, Risler était le seul homme excepté de la réprobation générale où elle les enveloppait tous.

En sortant du café-concert, le mari de Sidonie avait d’abord eu un moment d’exaltation effrayante. Il marchait au bras de Planus avec des détentes par tout le corps. À cette heure, il n’était plus question d’aller chercher la lettre et le paquet à Montrouge.

– Laisse-moi… va-t’en… disait-il à Sigismond, j’ai besoin d’être seul…